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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

tection de l’armée de terre, et de faire autour un rempart, tant pour les défendre que pour s’en faire à eux-mêmes un lieu de retraite.

XCVI. Cette résolution prise, ils levèrent l’ancre. Lorsqu’ils furent arrivés près du temple des Euménides, sur le territoire de Mycale, et de l’embouchure du Gæson et du Scolopoéis, où il y a un temple de Cérès Éleusinienne, bâti par Philistus, fils de Pasiclès, qui avait accompagné Nélée, fils de Codrus, quand celui-ci alla fonder Milet, ils tirèrent leurs vaisseaux à terre, les environnèrent d’un mur de pierres et de bois, coupant pour cet effet un grand nombre d’arbres fruitiers, enfoncèrent des pieux autour de ce rempart, et se disposèrent à soutenir un siége et à remporter la victoire : car, après y avoir bien réfléchi, ils se préparèrent à l’un et à l’autre.

XCVII. Les Grecs ayant appris que les Barbares s’étaient retirés sur le continent, en furent d’autant plus affligés, qu’ils les croyaient échappés de leurs mains. Embarrassés sur le parti qu’ils devaient prendre, ils ne savaient s’ils s’en retourneraient ou s’ils iraient vers l’Hellespont. Enfin ils résolurent de ne faire ni l’un ni l’autre, mais de cingler vers le continent. S’étant donc préparés à un combat naval, et ayant disposé les échelles et autres choses nécessaires pour une descente, ils naviguèrent vers Mycale. Comme ils étaient près du camp, et que, bien loin qu’il vînt des vaisseaux ennemis à leur rencontre, ils les voyaient tous sur le rivage environnés d’un mur, avec une nombreuse armée de terre rangée sur le bord de la mer, alors Léotychides devança les autres, s’approcha du rivage le plus près qu’il put ; et s’adressant aux Ioniens par un héraut, il leur dit : « Ioniens, que ceux d’entre vous qui m’entendent prêtent une oreille attentive à mes paroles ; car les Perses assurément n’y comprendront rien. Que chacun de vous se ressouvienne dans l’action premièrement de la liberté ; secondement, du mot du guet Hébé. Que celui qui m’entend fasse part de ce que je dis à ceux qui ne peuvent m’entendre. » Le but de Léotychides[1] était le

  1. Dans le grec : Le sens de cette affaire.