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CALLIOPE, LIVRE IX.

la réponse de l’oracle, dit que si on voulait lui donner des terres, il choisirait celles de deux citoyens d’Apollonie qu’il nomma, et qu’il savait être les meilleures de tout le pays, et qu’il voulait, outre cela, une maison qu’il regardait comme la plus belle de la ville ; qu’à ces conditions il serait content, et cesserait d’être irrité contre ses concitoyens. « Événius, lui répondirent les députés assis auprès de lui, les Apolloniates vous accordent, suivant les ordres de l’oracle, la réparation que vous exigez pour la perte de vos yeux. » Événius, ayant tout appris par ce discours, fut bien fâché d’avoir été trompé. Les Apolloniates achetèrent des propriétaires les biens qu’il avait choisis ; et lui en firent présent. Aussitôt après, les dieux lui accordèrent le don de la divination, et par ce moyen il acquit beaucoup de célébrité.

XCIV. Déiphonus était fils de cet Événius : les Corinthiens l’avaient mené avec eux ; il faisait dans l’armée les fonctions de devin. J’ai pourtant ouï dire aussi que Déiphonus s’était emparé du nom d’Événius, et que, parcourant la Grèce, il rendait des oracles à prix d’argent, quoiqu’il ne fût pas son fils.

XCV. Les sacrifices que fit Déiphonus pour les Grecs étant favorables, la flotte partit de Délos, et cingla vers Samos. Quand ils furent arrivés aux Calames dans cette île, ils jetèrent l’ancre près de l’Héræum ou temple de Junon, et se disposèrent à un combat naval. Les Perses, ayant appris que la flotte des Grecs venait à eux, mirent aussi à la voile pour s’approcher du rivage, et permirent aux Phéniciens de se retirer : car il avait été résolu dans un conseil de ne point livrer bataille sur mer, parce qu’ils ne se croyaient pas égaux en force aux Grecs. Ils naviguèrent donc vers le continent, afin de se mettre sous la protection des troupes de terre qui campaient à Mycale, et qui, faisant partie de l’armée, avaient été laissées en cet endroit par ordre de Xerxès pour garder l’Ionie. Elles montaient à soixante mille hommes, et étaient commandées par Tigranes, le plus bel homme et de la plus haute taille qu’il y eut parmi les Perses. Les généraux de la flotte barbare avaient résolu de tirer leurs vaisseaux sur le rivage pour les mettre sous la pro-

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