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CALLIOPE, LIVRE IX.

mains de ceux d’entre les éphores qui étaient présents ; et dans la suite il l’envoya à Égine, où elle avait dessein d’aller.

LXXVI. Les Mantinéens arrivèrent après l’action, et incontinent après le départ de cette femme. Affligés d’apprendre qu’ils étaient venus après la bataille, ils dirent qu’il était juste qu’ils s’en punissent eux-mêmes. Ayant su que les Mèdes commandés par Artabaze avaient pris la fuite, ils voulurent les poursuivre jusqu’en Thessalie ; mais les Lacédémoniens les en dissuadèrent ; et, lorsqu’ils furent de retour dans leur pays, ils bannirent leurs généraux. Après les Mantinéens arrivèrent les Éléens : ils s’en retournèrent aussi affligés que les Mantinéens ; et aussitôt après leur arrivée, ils bannirent aussi leurs capitaines. Mais en voilà assez sur les Mantinéens et les Éléens.

LXXVII. Lampon, fils de Pythéas, le citoyen le plus distingué d’Égine, alors au camp des Éginètes à Platées, vint en diligence trouver Pausanias, et lui donna un conseil impie. « Fils de Cléombrote, lui dit-il, vous avez fait une action admirable et par sa grandeur et par son éclat. En délivrant la Grèce, Dieu vous a accordé une gloire où jamais n’a pu atteindre aucun des Grecs que nous connaissions. Achevez cet ouvrage, afin que votre réputation aille en augmentant, et que désormais les Barbares craignent de se permettre contre les Grecs des actions atroces. Léonidas ayant été tué aux Thermopyles, Mardonius et Xerxès lui firent couper la tête, et attacher son corps à une croix. En traitant de même Mardonius, vous serez loué non-seulement de tous les Spartiates, mais encore du reste des Grecs ; car, en le faisant mettre en croix, vous vengerez Léonidas, votre oncle paternel. » Ainsi parla Lampon, croyant que Pausanias lui en saurait gré.

LXXVIII. « Mon hôte d’Égine, répondit ce prince, j’estime votre bienveillance et votre prudence ; mais votre avis pèche contre la droite raison : car, après m’avoir élevé fort haut, moi, mes actions, ma patrie, vous me rabaissez jusqu’à terre en me conseillant d’outrager un mort. Vous ajoutez qu’en suivant ce conseil ma ré-

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