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ÉRATO, LIVRE VI.

dant dix jours, et durant ce temps le deuil est universel.

LIX. Ils ont encore ceci de commun avec les Perses. Le successeur du roi mort remet, à son avènement au trône, tout ce que les Spartiates devaient à ce prince ou à la république. Il en est de même chez les Perses : celui qui succède au dernier roi remet à toutes les villes les impôts qu’elles devaient à la mort de ce prince.

LX. Les Lacédémoniens s’accordent pareillement en ceci avec les Égyptiens. Chez eux, les hérauts, les joueurs de flûte, les cuisiniers, succèdent au métier de leurs pères. Les fils d’un joueur de flûte, d’un cuisinier ou d’un héraut, sont joueurs de flûte, cuisiniers ou hérauts. Ils exercent toujours la profession de leurs pères ; et s’il se trouvait quelqu’un qui eût la voix plus sonore que le fils d’un héraut, ce talent ne ferait pas donner à celui-ci l’exclusion. Tels sont les usages qui s’observent à Lacédémone.

LXI. Tandis que Cléomène s’occupait dans l’île d’Égine non-seulement des intérêts de sa patrie, mais encore du bien général de la Grèce, Démarate l’accusait, moins par égard pour les Éginètes que par envie et par jalousie. Mais Cléomène résolut, à son retour d’Égine, de le renverser du trône, en lui intentant une action pour la chose que je vais rapporter.

Ariston, roi de Sparte, n’avait point eu d’enfants de deux femmes qu’il avait épousées. Comme il était persuadé que c’était plutôt la faute de ses femmes que la sienne, il en prit une troisième ; et voici comment se fit ce mariage. Il était intime ami d’un citoyen de Sparte dont la femme, après avoir été très-laide dans son enfance, était devenue, sans contredit, la plus belle personne de la ville. Sa nourrice la voyant extrêmement laide, et que ses parents, gens très-riches[1], en étaient fort affligés, s’avisa de la porter tous les jours au temple d’Hélène, qui est dans le lieu

  1. Les terres de la Laconie ayant été partagées également entre tous les citoyens, et l’or et l’argent proscrits de la république de Sparte sous peine de mort, comment pouvait-il y avoir à Sparte des gens riches ? La cupidité, plus forte que toutes les lois, avait déjà fait fermer les yeux sur un grand nombre d’abus. (L.)

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