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CALLIOPE, LIVRE IX.

avait fait aucune action digne de lui et du courage dont il était animé.

LXXII. On dit que Sophanès, fils d’Eutychides, du bourg de Décélée, se couvrit de gloire parmi les Athéniens. Les habitants de cette bourgade, comme le racontent les Athéniens eux-mêmes, tinrent autrefois une conduite qui leur a été utile dans tous les temps. Les Tyndarides (Castor et Pollux) étant entrés dans l’Attique avec une armée considérable, afin de recouvrer Hélène, dont ils ignoraient l’asile, chassaient les peuples de leurs anciennes demeures. On assure qu’alors ceux de Décélée, ou Décélus lui-même, indignés du rapt commis par Thésée, et craignant pour l’Attique entière, découvrirent tout aux Tyndarides, et les conduisirent à Aphidnes, que Titacus, originaire du pays, leur livra. Cette action mérita aux Décéléens[1] d’être exempts, à perpétuité dans Sparte, de toute contribution, et d’y avoir la première place dans les assemblées. Ils jouissent encore maintenant de ces privilèges ; en sorte que dans la guerre du Péloponnèse, qui s’est allumée bien des années après le temps dont je parle, l’armée des Lacédémoniens épargna Décélée[2] et ravagea le reste de l’Attique.

LXXIII. On rapporte de deux façons la manière dont Sophanès de Décélée se signala alors parmi les Athéniens : la première, qu’il portait une ancre de fer attachée avec une chaîne de cuivre à la ceinture de sa cuirasse ; que, toutes les fois qu’il s’approchait des ennemis, il la jetait à terre, afin qu’ils ne pussent pas l’ébranler en fondant sur lui, et que lorsqu’ils s’enfuyaient il la reprenait et les poursuivait. Telle est la première manière de raconter cette histoire, qui est contredite par la seconde : car on dit aussi qu’il portait, non une ancre réelle de fer à la ceinture de sa cuirasse, mais la figure d’une ancre à son

  1. Cela doit s’entendre des Décéléens qui auraient voulu s’établir à Sparte.
  2. Cela doit s’entendre de la première année de la guerre du Péloponnèse, où Archidamus ravagea l’Attique, c’est-à-dire de la seconde année de la quatre-vingt-septième olympiade, la guerre du Péloponnèse ayant commencé au printemps précédent, c’est-à-dire à la fin de la première année de la quatre-vingt-septième olympiade. (L.)