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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

échappèrent, si l’on excepte les quarante mille avec lesquels Artabaze s’était sauvé. Les Lacédémoniens de Sparte ne perdirent en tout que quatre-vingt-onze des leurs, les Tégéates seize, et les Athéniens cinquante-deux.

LXX. L’infanterie perse, la cavalerie sace et Mardonius se signalèrent le plus parmi les Barbares. Du côté des Grecs, les Tégéates et les Athéniens se comportèrent en gens de cœur ; mais les Lacédémoniens les surpassèrent, et voici la preuve que je puis en rapporter. Les Tégéates et les Athéniens vainquirent ceux qu’ils avaient en tête ; mais les Lacédémoniens attaquèrent les meilleures troupes de l’ennemi et les battirent. Aristodémus se distingua, à mon avis, beaucoup plus que les autres. Il était le seul des trois cents Spartiates qui se fût attiré des reproches, et qui se fût déshonoré en se sauvant des Thermopyles. Posidonius, Philocyon et le Spartiate Amopharète firent après lui les plus belles actions. Cependant, lorsqu’on s’entretenait de ceux qui s’étaient le plus signalés à cette journée, les Spartiates qui s’y étaient trouvés répondaient qu’Aristodémus, voulant mourir à la vue de l’armée, afin de réparer sa faute, était sorti de son rang comme un furieux, et avait fait des prodiges de valeur ; que Posidonius fit de très-belles actions, sans avoir dessein de mourir, et que cela n’en était que plus glorieux pour lui : mais l’envie a peut-être beaucoup de part à ces discours. On rendit de grands honneurs à tous ceux que j’ai nommés, et qui avaient été tués à cette bataille, excepté à Aristodémus. Celui-ci n’en reçut point, parce qu’il avait voulu mourir pour effacer la honte dont il s’était couvert.

LXXI. Tels sont ceux qui se distinguèrent à Platées. Callicrates, le plus bel homme qui fût à l’armée, non-seulement parmi les Lacédémoniens, mais encore parmi le reste des Grecs, ne périt point dans l’action. Assis à son rang, il fut blessé d’une flèche au côté tendis que Pausanias faisait des sacrifices ; et comme on l’emportait pendant le combat, il témoignait à Arimneste de Platées ses regrets : non qu’il se plaignit de perdre la vie pour la Grèce, mais parce qu’il ne s’était point servi de son bras, et qu’il