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CALLIOPE, LIVRE IX.

Phliasiens, pêle-mêle et sans observer aucun ordre, prirent, les premiers par le bas de la montagne et le chemin des collines pour aller droit au temple de Cérès, et les autres par la plaine, c’est-à-dire par le chemin le plus uni. Lorsque les Mégariens et les Phliasiens furent près des ennemis, la cavalerie des Thébains, commandée par Asopodore, fils de Timandre, les ayant vus se hâter sans garder leurs rangs, tomba sur eux, en coucha six cents par terre, et poursuivit le reste jusqu’au Cithéron, où elle les poussa : ce fut ainsi qu’ils périrent sans gloire.

LXIX. Les Perses et toute la multitude des Barbares ne se furent pas plutôt réfugiés dans leurs retranchements, qu’ils se hâtèrent de monter sur les tours avant l’arrivée des Lacédémoniens, et de fortifier la muraille le mieux qu’ils purent. Les Lacédémoniens s’en étant approchés, l’attaque du mur fut très-vive ; la défense des Perses ne le fut pas moins : et même ceux-ci eurent de très-grands avantages avant l’arrivée des Athéniens, parce que les Lacédémoniens ignoraient l’art d’attaquer les places. Mais, les Athéniens s’étant joints aux assiégeants, l’attaque fut rude et longue. Enfin, leur valeur et leur constance les rendirent maîtres du mur ; et, en ayant abattu une partie, les Grecs se jetèrent en foule dans le camp. Les Tégéates, y étant entrés les premiers, pillèrent la tente de Mardonius, et entre autres choses la mangeoire de ses chevaux, toute de bronze, et remarquable par sa beauté. Ils la consacrèrent dans le temple de Minerve Aléa. Quant au reste du butin[1], ils le portèrent au même endroit que les Grecs.

Le mur renversé, les Barbares se débandèrent, et pas un ne se rappela son ancienne valeur. Dans cet état de stupeur où se trouve une multitude d’hommes effrayés de se voir renfermés dans un petit espace, ils se laissèrent tuer avec si peu de résistance, que, de trois cent mille hommes qu’ils étaient, il n’y en eut pas trois mille qui

  1. Le siége de Mardonius, dont les pieds étaient d’argent, avec son cimeterre qui valait 300 dariques, à peu près 300 louis, échurent aux Athéniens, qui les placèrent dans la citadelle comme un monument de leur victoire. Glaucétès, questeur ou garde du trésor national, les enleva dans la suite. (Voyez la Harangue de Démosthènes contre Timocrates.) (L.)

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