Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 2, 1850.djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
268
HISTOIRE D’HÉRODOTE.

bataille en faisant passer les Perses vis-à-vis des Lacédémoniens. Pausanias, instruit par ce mouvement que l’ennemi l’avait pénétré, ramena les Spartiates à l’aile droite, et Mardonius, à son exemple, les Perses à l’aile gauche.

XLVII. Lorsqu’ils eurent repris leurs anciens postes, Mardonius envoya un héraut aux Spartiates. « Lacédémoniens, leur dit-il, on vous regarde dans ce pays-ci comme des gens très-braves ; on admire que vous ne fuyiez jamais du combat, que vous n’abandonniez jamais vos rangs, et que, fermes dans votre poste, vous donniez la mort ou la receviez : rien cependant n’est plus éloigné de la vérité ; car, même avant de commencer la bataille et d’en venir aux mains, nous vous voyons quitter vos rangs pour prendre la fuite, et, laissant aux Athéniens le soin de se mesurer les premiers contre nous, vous allez vous placer vis-à-vis de nos esclaves. Cette action n’est point celle d’hommes généreux. Nous nous sommes bien trompés à votre sujet : nous nous attendions, d’après votre réputation, que vous nous enverriez défier au combat par un héraut, que vous seuls vous vous battriez contre les Perses ; et, quoique nous soyons dans cette disposition, bien loin de vous entendre tenir ce langage, nous vous trouvons tremblants. Mais, puisqu’au lieu de nous présenter les premiers le défi nous vous le présentons, que ne combattons-nous en nombre égal, vous pour les Grecs, puisque vous passez pour très-braves ; et nous pour les Barbares ? Si vous êtes d’avis que le reste des troupes combatte aussi, qu’elles combattent, mais après nous. Si, au lieu de goûter cette proposition, vous croyez qu’il suffise que nous combattions seuls, nous y consentons ; mais que le parti victorieux soit censé avoir vaincu toute l’armée ennemie. »

XLVIII. Le héraut, ayant ainsi parlé, attendit quelque temps ; et comme personne ne lui répondit, il s’en retourna et fit son rapport à Mardonius. Ce général s’en réjouit, et, fier d’une victoire imaginaire, il envoya contre les Grecs sa cavalerie, qui, étant très-habile à lancer le javelot et à tirer de l’arc, les incommoda d’autant plus, que, ne se laissant point approcher, il était impossible de