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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

paratifs nécessaires, et de tenir tout en bon ordre, comme si la bataille eût dû se donner le lendemain au point du jour.

XLII. Je sais que cet oracle, que Mardonius croyait regarder les Perses, ne les concernait pas, mais les Illyriens et l’armée des Enchéléens. Voici celui de Bacis sur cette bataille : « Les rives du Thermodon et les pâturages de l’Asope sont couverts de bataillons grecs, j’entends les cris des Barbares ; mais, quand le jour fatal sera venu, les Mèdes y périront en grand nombre, malgré les destins. » Cet oracle et plusieurs autres semblables de Musée ont été rendus au sujet des Perses. Quant au Thermodon, il coule entre Tanagre et Glisante.

XLIII. Après que Mardonius eut interrogé les officiers de son armée sur les oracles, et qu’il les eut exhortés à faire leur devoir, la nuit vint, et l’on posa des sentinelles. Elle était déjà bien avancée, un profond silence régnait dans les deux camps, et les troupes étaient plongées dans le sommeil, lorsque Alexandre, fils d’Amyntas, général et roi des Macédoniens, se rendit à cheval vers la garde avancée des Athéniens, et demanda à parler à leurs généraux. La plupart des sentinelles restèrent dans leur poste ; les autres coururent les avertir qu’il venait d’arriver du camp des Perses un homme à cheval, qui s’était contenté de leur dire, en nommant les généraux par leurs noms, qu’il voulait leur parler.

XLIV. Là-dessus, les généraux les suivirent sur-le-champ au lieu où était la garde avancée ; et, lorsqu’ils y furent arrivés, Alexandre leur parla en ces termes : « Athéniens, je vais déposer dans votre sein un secret que je vous prie de ne révéler qu’à Pausanias, de crainte que vous ne me perdiez. Je ne vous le confierais pas sans le vif intérêt que je prends à la Grèce entière. Je suis Grec ; mon origine tient aux temps les plus reculés, et je serais fâché de voir la Grèce devenir esclave. Je vous apprends donc que les victimes ne sont point favorables à Mardonius et à son armée ; sans cela, la bataille se serait donnée il y a longtemps. Mais, sans s’embarrasser des sacrifices, il a maintenant pris la résolution de vous