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CALLIOPE, LIVRE IX.

un héraut aux généraux grecs, qui leur parla ainsi :

« Les Mégariens vous disent : Alliés, nous ne pouvons pas soutenir seuls le choc de la cavalerie perse dans le poste où l’on nous a d’abord placés. Quoique fort pressés, nous avons jusqu’ici résisté avec fermeté et courage ; mais si vous n’envoyez des troupes pour nous relever, nous quitterons notre poste et nous nous retirerons. » Le héraut ayant fait ce rapport, Pausanias sonda les Grecs pour voir s’il ne s’en trouverait point qui s’offrissent volontairement pour défendre ce poste en la place des Mégariens. Tous le refusèrent, excepté les trois cents Athéniens d’élite commandés par Olympiodore, fils de Lampon, qui se chargèrent de ce soin.

XXII. Ce corps de troupes, qui prit sur lui la défense de ce poste, préférablement au reste des Grecs campés à Érythres, emmena aussi des gens de trait. Le combat ayant duré quelque temps, il se termina comme je vais le rapporter. La cavalerie perse fit son attaque en ordre et par escadrons ; mais Masistius l’ayant devancée, son cheval fut atteint d’un coup de flèche aux flancs : il se cabra de douleur, et jeta Masistius par terre. Les Athéniens fondirent incontinent sur lui, se saisirent du cheval, et tuèrent le cavalier malgré sa résistance. Ils ne le purent d’abord, à cause de la cuirasse d’or en écailles qu’il avait sous son habit de pourpre, et c’était en vain qu’ils lui portaient des coups. Mais quelqu’un, s’en étant aperçu, le frappa à l’œil, et il mourut. La cavalerie ne fut pas d’abord informée du malheur arrivé à son général. Comme tantôt elle revenait à la charge, et tantôt elle battait en retraite, elle ignorait ce qui s’était passé ; car on n’avait pas vu Masistius tomber de cheval, on ne l’avait pas vu périr. Mais les Barbares s’étant arrêtés, et voyant que personne ne leur donnait l’ordre, ils en furent sur-le-champ affligés ; et ayant appris que leur général n’était plus, ils s’exhortèrent mutuellement ; et poussèrent leurs chevaux à toutes jambes pour enlever le corps de Masistius.

XXIII. Les Athéniens les voyant accourir tous ensemble, et non plus par escadrons, appelèrent à eux le reste de l’armée. Pendant que l’infanterie venait à leur secours, il

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