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CALLIOPE, LIVRE IX.

Athéniens : mais, lorsque Alexandre vint à Athènes, le mur n’était pas encore achevé ; et les Lacédémoniens, effrayés de l’arrivée des Perses, y travaillaient sans relâche.

IX. Mais enfin voici comment les Spartiates répondirent et se mirent en campagne. La veille du jour où l’on devait s’assembler à ce sujet pour la dernière fois, Chiléus de Tégée, qui jouissait à Lacédémone d’un plus grand crédit que n’en avaient tous les autres étrangers, ayant appris de l’un des éphores les représentations des Athéniens, leur parla en ces termes : « Éphores, tel est l’état des affaires. Si les Athéniens, au lieu de rester unis avec nous, s’allient avec le Barbare, une forte muraille a beau régner d’un bout de l’isthme à l’autre, le Perse trouvera toujours des portes pour entrer dans le Péloponnèse. Prêtez donc l’oreille à leurs demandes, avant qu’ils aient pris quelque résolution funeste à la Grèce. »

X. Les éphores, ayant réfléchi sur ce conseil, firent partir sur-le-champ, quoiqu’il fût encore nuit, et sans en rien communiquer aux députés des villes[1], cinq mille Spartiates, accompagnés chacun de sept Ilotes, sous la conduite de Pausanias, fils de Cléombrote. Le commandement appartenait à Plistarque, fils de Léonidas ; mais il était encore enfant, et Pausanias était son tuteur et son cousin : car Cléombrote, fils d’Anaxandrides et père de Pausanias, était mort peu de temps après avoir ramené de l’isthme l’armée qui avait construit le mur. Il l’avait, dis-je, ramenée, parce qu’il était arrivé une éclipse de soleil pendant qu’il sacrifiait pour savoir s’il attaquerait le Perse[2]. Pausanias choisit pour son lieutenant Euryanax, fils de Doriée, de la même maison que lui.

XI. Ces troupes étaient parties de Sparte avec Pausanias. Les députés, qui n’en avaient aucune connaissance, allèrent trouver les éphores dès que le jour parut, dans l’intention, sans doute, de retourner chacun chez soi. « Lacédémoniens, leur dirent-ils, tandis que vous passez ici le

  1. Athènes, Mégare et Platées. Voyez § vii.
  2. Cette éclipse arriva, suivant l’astronome Pingré, le 2 octobre 479 avant l’ère vulgaire. Hérodote la fixe à une époque antérieure à la bataille de Platées ; mais il se trompe, elle est postérieure à cette bataille.