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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

pourrions sans crime trahir la Grèce, nous aurons rejeté ces offres, quoique abandonnés et trahis par les Grecs. Nous n’ignorons pas qu’un traité avec le roi nous serait beaucoup plus avantageux que la guerre, toutefois nous n’en ferons jamais avec lui de notre plein gré.

» Telle est la manière franche et sincère dont nous nous sommes conduits à l’égard des Grecs. Mais vous, Lacédémoniens, qui craigniez tant alors notre accommodement avec le roi : depuis que la noblesse de nos sentiments vous est parfaitement connue ; depuis que vous êtes persuadés que jamais nous ne trahirons la Grèce ; enfin, depuis que la muraille qui ferme l’isthme est presque achevée, vous n’avez plus aucun égard pour les Athéniens ; et quoique vous fussiez convenus avec nous d’aller en Béotie au-devant de Mardonius, vous l’avez laissé entrer, par votre négligence, dans l’Attique, et vous nous avez abandonnés. Les Athéniens sont irrités de ce que dans les circonstances actuelles vous avez manqué à vos engagements. Maintenant ils vous exhortent à leur envoyer au plus tôt des troupes, afin de recevoir l’ennemi dans l’Attique. En effet, puisque nous n’avons pu nous rendre en Béotie, du moins la plaine de Thria, dans notre pays, est très-commode pour livrer bataille. »

VIII. Les éphores remirent leur réponse au lendemain ; le lendemain, au jour suivant, et ainsi de suite pendant dix jours, renvoyant les Athéniens d’un jour à l’autre. Pendant ce temps, les Péloponnésiens travaillaient tous avec ardeur à fermer l’isthme d’un mur, et ce mur était près d’être achevé. Mais pourquoi les Lacédémoniens montrèrent-ils, à l’arrivée d’Alexandre de Macédoine à Athènes, tant d’empressement à détourner les Athéniens d’épouser les intérêts des Perses, et qu’alors ils n’en tinrent aucun compte ? Je n’en puis donner d’autre raison que celle-ci. L’isthme étant fermé, ils croyaient n’avoir plus besoin des

    apaiser Jupiter, et employer à cet effet la médiation d’Éacus. On envoya de toutes les villes des députés à ce prince, qui fit des sacrifices et des prières à Jupiter Panhellénien (commun à toute la Grèce), et l’on eut de la pluie. La montagne sur laquelle était placé ce temple s’appelait aussi le mont Jupiter Panhellénien.