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URANIE, LIVRE VIII.

d’Abes[1] en Phocide ; qu’il vint ensuite à Thèbes, et que dès qu’il y fut arrivé il consulta Apollon Isménien par la flamme des victimes, comme cela se pratique aussi à Olympie, et avec de l’argent il obtint d’un étranger, et non d’un Thébain, la permission d’aller dormir dans le temple d’Amphiaraüs, où il n’est permis à aucun citoyen de Thèbes de consulter l’oracle, par la raison suivante : Amphiaraüs ayant ordonné aux Thébains par des oracles de le choisir pour leur devin ou pour leur allié, ils préférèrent de l’avoir pour allié ; les citoyens de Thèbes ne peuvent, par cette raison, coucher dans le temple d’Amphiaraüs.

CXXXV. Les Thébains racontent une merveille très-grande à mon avis. Mys, ayant parcouru tous les oracles, visita aussi le temple d’Apollon surnommé Ptoüs[2]. Ce temple, qui s’appelle le Ptoon, appartient aux Thébains, et est situé au-dessus du lac Copaïs, au pied d’une montagne, près de la ville d’Acræphia. Mys étant arrivé à ce temple, trois citoyens choisis par la république l’y suivirent pour mettre par écrit la réponse de l’oracle. Aussitôt l’archiprêtresse lui répondit en langue barbare. Les Thébains dont il était accompagné furent étonnés de lui entendre parler une langue différente de la grecque. Comme ils étaient embarrassés sur ce qu’ils feraient dans les circonstances présentes, Mys leur arracha les tablettes qu’ils avaient entre les mains, et y ayant écrit la réponse que lui avait dictée le prophète, et qui était, à ce qu’on dit, en carien, il s’en retourna en Thessalie.

    mède à leur maux. Étant arrivés dans cette ville, et ne pouvant trouver l’oracle en question, Saon, le plus âgé de ces députés, aperçut un essaim de mouches à miel qui volait vers un antre ; il les y suivit, et découvrit de cette manière l’oracle. On prétend que Trophonius l’instruisit lui-même de toutes les cérémonies qu’il fallait pratiquer pour le consulter. (L.)

  1. Apollon rendait ses oracles dans cette ville, qui lui était consacrée. Les Perses brûlèrent son temple lorsqu’ils entrèrent en Grèce. Un corps de Phocidiens s’y étant réfugié durant la guerre sacrée, les Thébains y mirent le feu, et achevèrent de le détruire. Cet oracle avait de la réputation, et ce fut un de ceux que Crésus envoya consulter. (L.)
  2. Un sanglier s’offrit tout à coup en cet endroit à la vue de Latone ; elle en fut épouvantée. De là vint le nom qu’on donna à son fils, au temple qui lui fut dédié, et à la montagne voisine. Il paraît par Plutarque que cette montagne était près de celles de Délos. Cet oracle était très-ancien et très-renommé.