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URANIE, LIVRE VIII.

on les aurait mis à la torture. L’esclave Sicinnus fut encore de ce nombre. Lorsqu’ils furent arrivés sur les côtes de l’Attique, Sicinnus laissa les autres dans l’esquif, et se rendit auprès de Xerxès. « Thémistocles, fils de Néoclès, lui dit-il, général des Athéniens, le plus brave et le plus sage de tous les alliés, m’a envoyé vous dire que, par zèle pour votre service, il a retenu les Grecs qui voulaient poursuivre votre flotte et rompre les ponts de l’Hellespont. Vous pouvez donc maintenant vous retirer tranquillement. » Cet ordre exécuté, ils s’en retournèrent.

CXI. Les Grecs, ayant résolu de ne pas poursuivre plus loin la flotte des Barbares, et de ne point rompre les ponts de l’Hellespont, assiégèrent Andros dans le dessein de la détruire. Ces insulaires refusèrent les premiers à Thémistocles l’argent qu’il exigeait d’eux. Comme ce général alléguait qu’ils ne pouvaient se dispenser d’accorder cet argent à deux grandes divinités, la Persuasion et la Nécessité, dont les Athéniens étaient accompagnés, ils lui répondirent qu’Athènes, protégée par deux divinités favorables, était avec raison grande, riche et florissante ; que le territoire d’Andros était très-mauvais ; que deux divinités pernicieuses, la Pauvreté et l’Impuissance, se plaisaient dans leur île, et ne la quittaient jamais ; qu’étant au pouvoir de ces deux divinités, ils ne pouvaient donner d’argent, et que jamais la puissance d’Athènes ne serait plus forte que leur impuissance. Sur cette réponse et leur refus, on les assiégea.

CXII. Avide d’argent, Thémistocles ne cessait d’en amasser. Il en envoya demander aux autres insulaires par les mêmes députés, qui leur tinrent le même langage qu’à ceux d’Andros, et les menacèrent, en cas de refus, de les assiéger avec l’armée grecque, et de les détruire entièrement. Il tira par cette voie de grandes sommes des Carystiens et des Pariens, qui les envoyèrent dans la crainte d’être traités comme Andros, dont ils avaient appris qu’on formait le siége à cause de son attachement aux Mèdes, et parce qu’ils savaient que Thémistocles jouissait auprès des généraux du plus grand crédit. J’ignore si quelques autres îles en donnèrent aussi. Je croirais volontiers qu’il y en eut