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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

vent de jouet aux Grecs ; vos affaires n’ont encore rien souffert par la faute des Perses, et vous ne pouvez nous accuser de nous être comportés lâchement en quelque occasion. Si les Phéniciens, les Égyptiens, les Cypriens et les Ciliciens ont mal fait leur devoir, leur faute ne nous regarde pas, et l’on ne doit pas nous l’imputer. Maintenant donc, seigneur, puisque les Perses ne sont point coupables, daignez suivre mon conseil. Si vous avez résolu de ne pas rester ici plus longtemps, retournez dans vos États avec la plus grande partie de votre armée ; mais donnez-moi trois cent mille hommes à mon choix, et je m’engage à faire passer la Grèce sous votre joug. »

CI. Xerxès, sentant à ce discours sa douleur se calmer et la joie renaître dans son âme, répondit à Mardonius qu’après en avoir délibéré avec son conseil, il lui ferait part de ses intentions. Tandis qu’il agitait cette question avec les Perses qu’il avait convoqués, il voulut avoir aussi l’avis d’Artémise, parce qu’il avait reconnu auparavant qu’elle était la seule qui lui eût donné de bons conseils. Il l’envoya donc chercher ; et, lorsqu’elle fut arrivée, il ordonna aux Perses de son conseil et à ses gardes de se retirer, et lui parla en ces termes :

« Mardonius m’exhorte à rester ici et à attaquer le Péloponnèse, en me représentant que les Perses et mon armée de terre ne sont point cause de notre défaite, et qu’ils offrent de m’en donner des preuves. Mais il me conseille d’un autre côté de retourner dans mes États avec mes troupes, et de lui laisser trois cent mille hommes à son choix, avec lesquels il me promet de subjuguer la Grèce. Vous donc, qui m’aviez si sagement détourné de combattre sur mer, dites-moi maintenant lequel de ces deux partis vous me conseillez de prendre. »

CII. « Seigneur, répondit Artémise, il est difficile de vous donner le meilleur conseil ; mais, dans les conjonctures présentes, je suis d’avis que vous retourniez en Perse, et que vous laissiez ici Mardonius avec les troupes qu’il vous demande, puisqu’il le désire, et qu’il