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URANIE, LIVRE VIII.

XCIX. Quand on apprit à Suses, par le premier courrier, que Xerxès était maître d’Athènes, les Perses qui y étaient restés en eurent tant de joie, que toutes les rues furent jonchées de myrthe, qu’on brûla des parfums, et qu’on ne s’occupa que de festins et de plaisirs. La seconde nouvelle les consterna ; ils déchirèrent leurs habits, jetant sans cesse des cris lamentables, et imputant leur malheur à Mardonius. Ils étaient cependant moins affligés de la perte de leurs vaisseaux qu’alarmés pour le roi. Leurs inquiétudes continuèrent tant qu’il fut absent, et ne furent calmées qu’à son retour.

C. De son côté Mardonius, voyant Xerxès très-affligé de la perte de la bataille navale, soupçonna ce prince de songer à s’enfuir d’Athènes. S’occupant ensuite de lui-même, et pensant qu’il serait puni pour lui avoir conseillé de porter la guerre en Grèce, il crut qu’il devait s’exposer à de nouveaux dangers, et qu’il fallait ou qu’il subjuguât ce pays, ou qu’il pérît d’une mort honorable. Tout bouffi d’orgueil, le désir de soumettre la Grèce prévalut dans son esprit. Après y avoir donc réfléchi mûrement, il s’adressa à Xerxès : « Seigneur, lui dit-il, ne vous attristez pas de cette perte, et ne la regardez pas comme un grand malheur. Le succès de cette guerre ne dépend pas de vos vaisseaux, mais de votre cavalerie et de votre infanterie. Ces Grecs, qui s’imaginent que tout est terminé, ne sortiront point de leurs vaisseaux pour s’opposer à vos armes, et ceux du continent n’oseront pas s’essayer contre vous. Ceux qui l’ont fait en ont été punis. Attaquons donc sur-le-champ le Péloponnèse, si telle est votre volonté. Mais si vous voulez suspendre vos coups, suspendons-les ; mais cependant ne vous découragez pas. Les Grecs n’ont plus de ressources, et ne peuvent éviter ni l’esclavage, ni le compte que vous leur demanderez du présent et du passé. Voilà, seigneur, ce que vous avez surtout à faire. Mais, si vous avez résolu de vous en retourner avec votre armée, j’ai cet autre conseil à vous donner. Ne permettez pas, seigneur, que les Perses ser-

    L’usage de ce moyen de transmission remonte, comme on voit, bien haut dans l’antiquité. (Miot.)