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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

leur avoir fait des reproches : « Malheureux, quand cesserez-vous donc de reculer ? »

LXXXV. Les Phéniciens étaient rangés vis-à-vis des Athéniens, à l’aile qui regardait Éleusis et l’occident ; et les Ioniens en face des Lacédémoniens, à l’aile opposée à l’orient et au Pirée. Quelques Ioniens en petit nombre se conduisirent lâchement de dessein prémédité, suivant les exhortations de Thémistocles, mais il n’en fut pas ainsi du gros de leur flotte. Je pourrais dire ici les noms d’un grand nombre de leurs capitaines qui enlevèrent des vaisseaux aux Grecs ; mais je me bornerai à ceux de Théomestor, fils d’Androdamas, et de Phylacus, fils d’Histiée, tous deux de Samos. Ils sont les seuls dont je fasse mention, parce que cette action valut à Théomestor la souveraineté de Samos, que les Perses lui donnèrent, et parce que Phylacus ayant été inscrit parmi ceux qui avaient bien mérité du roi, il eut pour récompense une grande étendue de terres. Ceux qui rendent au roi des services importants s’appellent en langue perse orosanges.

LXXXVI. La flotte des Perses fut en grande partie mise en pièces et détruite par les Athéniens et les Éginètes. Les Barbares, combattant avec confusion, sans règle, sans jugement, contre des troupes qui se battaient avec ordre et en gardant leurs rangs, devaient éprouver un pareil sort. Ils se comportèrent cependant beaucoup mieux en cette journée qu’ils ne l’avaient fait près de l’Eubée, et se surpassèrent eux-mêmes, chacun faisant tous ses efforts par la crainte que lui inspirait Xerxès, dont il croyait être aperçu.

LXXXVII. Parmi tant de combattants, je ne puis assurer de quelle manière se conduisirent en particulier les Barbares ou les Grecs. Mais voici une action d’Artémise[1]

  1. Il y a dans le grec Artemisia. L’usage a prévalu en français de dire Artémise. Elle était fille de Lygdamis et reine de Carie. Elle n’en possédait cependant qu’une petite partie, Halicarnasse, qui en était la capitale, et les trois petites îles de Cos, Nisyros et Calydnes. Ainsi il ne faut pas confondre Calydnes avec Calynde, ville sur les frontières de Lycie, dont Damasithyme était roi. Il ne faut pas non plus confondre cette princesse avec une autre Artémise qui fut aussi reine de Carie, et qui était fille d’Hécatomus, sœur et