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URANIE, LIVRE VIII.

Il ajoutait que Démarate, n’étant pas instruit des mystères d’Éleusis, lui demanda ce que c’était que ces paroles. « Démarate, lui répondit-il, quelque grand malheur menace l’armée du roi, elle ne peut l’éviter. L’Attique étant déserte, c’est une divinité qui vient de parler. Elle part d’Éleusis, et marche au secours des Athéniens et des alliés, cela est évident. Si elle se porte vers le Péloponnèse, le roi et son armée de terre courront grand risque ; si elle prend le chemin de Salamine, où sont les vaisseaux, la flotte de Xerxès sera en danger de périr. Les Athéniens célèbrent tous les ans cette fête en l’honneur de Cérès et de Proserpine, et l’on initie à ces mystères tous ceux d’entre eux et d’entre les autres Grecs qui le désirent[1]. Les chants que vous entendez sont ceux qui se chantent en cette fête en l’honneur d’Iacchus. » Là-dessus Démarate lui dit : « Continuez, Dicéus, soyez discret, et ne parlez de cela à qui que ce soit ; car, si l’on rapportait au roi votre discours, vous perdriez votre tête, et ni moi ni personne ne pourrait obtenir votre grâce. Restez tranquille, les dieux prendront soin de l’armée. »

Tel fut, disait Dicéus, l’avis que lui donna Démarate. Il ajoutait qu’après cette poussière et cette voix, il parut un nuage qui, s’étant élevé, se porta à Salamine, vers l’armée des Grecs, et qu’ils connurent par là, Démarate et lui, que la flotte de Xerxès devait périr. Tel était le récit de Dicéus, fils de Théocydes, qu’il appuyait du témoignage de Démarate et de quelques autres personnes.

LXVI. Lorsque les troupes navales de Xerxès eurent considéré la perte des Lacédémoniens, elles se rendirent de Trachis à Histiée, où elles s’arrêtèrent trois jours ; elles traversèrent ensuite l’Euripe, et en trois autres jours elles se trouvèrent à Phalère. Les armées de terre et de mer des Barbares n’étaient pas moins nombreuses, à ce que je

  1. Ceci ne s’était pas toujours observé : Hercule, les Dioscures furent initiés, mais auparavant ils furent adoptés par un Athénien. Anacharsis, quoique Barbare, le fut aussi ; mais auparavant il s’était fait adopter. Les Athéniens ne se rendirent pas dans la suite si difficiles, non-seulement à l’égard des Grecs, comme le prouve ce passage, mais encore à l’égard des Barbares, puisqu’ils initièrent Sylla, Pomponius Atticus, Auguste, etc.