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ÉRATO, LIVRE VI.

les Dolonces le ramenèrent. Ces événements arrivèrent trois ans avant les affaires présentes, dont il était alors fort occupé.

XLI. Miltiade, ayant appris, sur ces entrefaites, que les Phéniciens étaient à Ténédos, fit charger cinq trirèmes de ses effets, et mit à la voile pour Athènes. Il partit de la ville de Cardia, traversa le golfe Mélas ; et tandis qu’il longeait la côte de la Chersonèse, les Phéniciens tombèrent sur lui. Miltiade se sauva avec quatre vaisseaux à Imbros ; mais Métiochus, son fils aîné, qui commandait le cinquième, fut poursuivi par les Phéniciens et pris avec son vaisseau. Il était né d’une autre femme que de la fille d’Olorus, roi de Thrace. Les Phéniciens, ayant appris qu’il était fils de Miltiade, le menèrent au roi, s’imaginant que ce prince leur en saurait d’autant plus de gré que, dans le conseil des Ioniens, Miltiade avait été d’avis d’écouter les Scythes, qui les priaient de rompre le pont de bateaux, et de se retirer ensuite dans leur pays. Quand on le lui eut amené, il le combla de biens, au lieu de lui faire du mal, lui donna une maison et des terres, et lui fit épouser une Perse, dont il eut des enfants qui jouirent des priviléges des Perses.

XLII. D’Imbros, Miltiade vint à Athènes. Les Perses cessèrent cette année les hostilités contre les Ioniens, et s’appliquèrent à leur donner des règlements utiles. Artapherne, gouverneur de Sardes, manda les députés des villes ioniennes, et les obligea à s’engager par un traité à recourir réciproquement à la justice quand ils se croiraient lésés, sans user désormais de voies de fait. Il fit ensuite mesurer leurs terres par parasanges, mesure usitée en Perse, qui équivaut à trente stades, et régla en conséquence les impôts que chaque ville devait payer. Ces impôts ont toujours continué à se percevoir depuis ce temps-là jusqu’à présent, selon la répartition qui en fut faite par Artapherne, et qui était à peu près la même que celle qui était établie auparavant. Ces règlements tendaient à pacifier les troubles.

XLIII. Le roi, ayant ôté le commandement des armées aux généraux précédents, nomma en leur place Mardonius,