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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

temple. Ceux des Perses qui étaient montés allèrent d’abord aux portes, et, les ayant ouvertes, ils tuèrent les suppliants de la déesse. Quand ils les eurent massacrés, ils pillèrent le temple, mirent le feu à la citadelle, et la réduisirent en cendres.

LIV. Lorsque Xerxès fut entièrement maître d’Athènes, il dépêcha à Suses un courrier à cheval, pour apprendre à Artabane cet heureux succès. Le second jour après le départ du courrier, il convoqua les bannis d’Athènes qui l’avaient suivi, et leur ordonna de monter à la citadelle et d’y faire les sacrifices suivant leur usage, soit qu’un songe l’obligeât à leur donner ces ordres, soit qu’il lui vînt un scrupule sur ce qu’il avait fait brûler le temple. Les bannis obéirent.

LV. Je vais dire maintenant ce qui m’a engagé à rapporter ces faits. Érechthée, qu’on dit fils de la Terre, a dans cette citadelle un temple où l’on voit un olivier et une mer[1]. Les Athéniens prétendent que Neptune et Minerve les y avaient placés comme un témoignage de la contestation qui s’était élevée entre eux au sujet du pays[2]. Il arriva que le feu qui brûla ce temple consuma aussi cet olivier ; mais, le second jour après l’incendie, les Athéniens à qui le roi avait ordonné d’offrir des sacrifices, étant montés au temple, remarquèrent que la souche de

  1. Cette mer n’était autre chose qu’un puits où se rendait de l’eau de mer par des conduits souterrains, « ce qui n’est pas bien merveilleux, ajoute Pausanias ; mais ce qui mérite d’être rapporté, c’est que, lorsque le vent du midi souffle, on y entend un bruit semblable à celui des vagues agitées, et que l’on voit sur la pierre de ce puits la figure d’un trident qu’on dit être un témoignage de la contestation qu’eut Neptune avec Minerve au sujet de l’Attique. » Il jaillissait aussi de l’eau de mer dans le temple de Neptune Hippias, près de Mantinée, et à Mylases, ville de Carie, quoique le port de cette ville soit éloignée de la mer de quatre-vingt stades, et que Mantinée soit si avant dans les terres que la mer n’y peut venir, dit Pausanias, que par miracle. (L.)
  2. Cécrops régna dans l’Attique. Elle s’appelait auparavant Actæa ; il l’appela de son nom Cécropia. On dit que sous son règne les dieux choisirent les villes où ils voulaient être honorés d’un culte particulier. Neptune vint le premier dans l’Attique, et ayant frappé la terre de son trident vers le milieu de la citadelle, il en fit sortir une mer, qu’on appelle aujourd’hui Érechtéide. Après lui vint Minerve, qui fit croître un olivier qu’on voit aujourd’hui dans le Pandrosion. Jupiter fit adjuger la ville à Minerve, qui lui donna son nom, cette déesse s’appelant en grec Athéné. (L.)