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URANIE, LIVRE VIII.

elles s’arrêtèrent après avoir roulé à travers l’armée des Barbares. Ce fut ainsi que le temple fut délivré, et que les Perses s’en éloignèrent.

XL. La flotte grecque alla d’Artémisium à Salamine, où elle s’arrêta, à la prière des Athéniens. Ceux-ci l’y avaient engagée, afin de pouvoir faire sortir de l’Attique leurs femmes et leurs enfants, et, outre cela, pour délibérer sur le parti qu’ils devaient prendre. Car, se voyant frustrés de leurs espérances, il fallait nécessairement tenir conseil dans les conjonctures présentes. Ils avaient cru trouver les Péloponnésiens campés en Béotie pour attaquer les Barbares avec toutes leurs forces, et néanmoins ils apprenaient que, ne pensant qu’à leur conservation et à celle du Péloponnèse, ils travaillaient à fermer l’isthme d’une muraille sans s’inquiéter du reste de la Grèce. Sur cette nouvelle, ils avaient prié les alliés de demeurer près de Salamine.

XLI. Tandis que le reste de la flotte était à l’ancre devant Salamine, les Athéniens retournèrent dans leur pays. Ils firent publier aussitôt après leur arrivée que chacun eût à pourvoir, comme il pourrait, à la sûreté de ses enfants et de toute sa maison[1]. Là-dessus, la plupart des Athéniens envoyèrent leurs familles à Trézène ; les autres, à Égine et à Salamine. Ils se pressèrent de les faire sortir de l’Attique, afin d’obéir à l’oracle, et surtout par cette raison-ci. Les Athéniens disent qu’il y a dans le temple de la citadelle un grand serpent qui est le gardien et le protecteur de la forteresse ; et, comme s’il existait réellement, ils lui présentent tous les mois des gâteaux au miel. Jusqu’à cette époque, les gâteaux avaient toujours été consommés ; mais alors ils restèrent sans qu’on y eût touché. La prêtresse l’ayant publié, les Athéniens se hâtèrent d’autant plus de sortir de la ville, que la déesse abandonnait aussi

  1. C’était un crime à Athènes d’abandonner la patrie dans un temps de danger, ou même de soustraire sa femme et ses enfants au périls dont la ville était menacée, avant que la permission en eût été donnée par un décret. Léocrates s’étant retiré à Rhodes et à Mégare quelque temps après la bataille de Chéronée, il fut accusé, à son retour à Athènes, par Lycurgue, d’avoir trahi la patrie ; et, s’il eût eu un suffrage de plus contre lui, il était banni ou puni de mort. (L.)

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