Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 2, 1850.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
190
HISTOIRE D’HÉRODOTE.

portait autrefois le nom de Dryopide. Les Doriens du Péloponnèse en sont originaires. Les Barbares entrèrent dans la Doride sans y faire aucun dégât ; les habitants avaient embrassé leurs intérêts, et ce n’était pas l’avis des Thessaliens qu’on ravageât ce pays.

XXXII. De la Doride ils passèrent dans la Phocide ; mais ils n’en prirent point les habitants. Les uns s’étaient retirés avec tous leurs effets sur le Parnasse, dont la cime, qu’on appelle Tithorée, et sur laquelle est bâtie la ville de Néon, peut contenir beaucoup de monde ; les autres, en plus grand nombre, s’étaient réfugiés chez les Locriens-Ozoles, dans Amphissa, ville située au-dessus de la plaine de Crisa. Les Barbares, conduits par les Thessaliens, parcoururent la Phocide entière, coupant les arbres et mettant le feu partout, sans épargner ni les villes ni les temples.

XXXIII. Ils portèrent leurs ravages le long du Céphisse, et réduisirent en cendres, d’un côté, Drymos, d’un autre, Charadra, Érochos, Téthronium, Amphicée, Néon, Pédiées, Tritées, Élatée, Hyampolis, Parapotamies et Abes, où l’on voyait un temple dédié à Apollon, remarquable par ses richesses, ses trésors et la grande quantité d’offrandes qu’on y avait faites, et où en ce temps-là il y avait un oracle, comme il y en a encore un aujourd’hui. Les Barbares brûlèrent ce temple après l’avoir pillé ; et, ayant poursuivi les Phocidiens, ils en prirent quelques-uns près des montagnes. Ils firent aussi prisonnières quelques femmes, que firent périr le grand nombre de soldats qui assouvirent avec elles leur brutalité.

XXXIV. Après avoir passé le pays des Parapotamiens, les Barbares arrivèrent à Panopées. Leur armée se partagea en cet endroit en deux corps, dont le plus considérable et le plus fort s’achemina vers Athènes sous la conduile de Xerxès, et entra par la Béotie sur les terres des Orchoméniens. Les Béotiens avaient tous pris le parti des Perses ; Alexandre sauva leurs villes en y distribuant des Macédoniens, afin de faire voir à Xerxès qu’ils avaient embrassé ses intérêts. Telle fut la route que prit cette partie de l’armée des Barbares.