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URANIE, LIVRE VIII.

extrêmement rares, tant il y eut de gens empressés de jouir de ce spectacle. Quand ils eurent fait le trajet, ils parcoururent le champ de bataille ; et, ayant examiné ces corps étendus par terre, ils crurent qu’ils étaient tous Lacédémoniens et Thespiens, quoiqu’il y eût aussi des Ilotes. L’artifice dont avait usé Xerxès au sujet des morts ne trompa personne, tant il était ridicule. On voyait en effet sur le champ de bataille environ mille morts du côté des Barbares, et quatre mille Grecs transportés dans le même endroit et entassés les uns sur les autres. L’armée navale s’occupa ce jour-là de ce spectacle ; le lendemain elle retourna à Histiée vers les vaisseaux, et Xerxès se mit en marche avec l’armée de terre.

XXVI. Quelques Arcadiens en petit nombre passèrent du côté des Perses. Ils manquaient des choses nécessaires à la vie, et ne demandaient qu’à travailler. Ayant été conduits devant le roi, quelques Perses, et l’un plus particulièrement encore que les autres, leur demandèrent à quoi s’occupaient alors les Grecs. « Maintenant, répondirent-ils, ils célèbrent les jeux olympiques, et regardent les exercices gymniques et la course des chevaux[1]. » Ce même Perse leur demanda encore quel était le prix des combats. « Une couronne d’olivier, » dirent-ils. On rapporte à cette occasion une expression généreuse de Tritantæchmès, fils d’Artabane, qui le fit accuser par le roi de lâcheté ; car, ayant su que le prix ne consistait point en argent, mais en une couronne d’olivier, il ne put s’empêcher de s’écrier devant tout le monde : « Ô dieux ! Mardonius, quels sont donc ces hommes que tu nous mènes attaquer ? Insensibles à l’intérêt, ils ne combattent que pour la gloire ! »

  1. Les jeux olympiques, institués par Pisus, Pélops et Hercule, ayant été interrompus, furent renouvelés par Lycurgue de Lacédémone, de la race d’Hercule ; par Iphitus, souverain d’un petit canton de l’Élide, parent des Héraclides ; et par Cléosthènes de Pise, vingt-sept olympiades avant celle où Corœbus d’Élée remporta le prix. Les noms des vainqueurs à ce jeux ne furent pas inscrits sur les registres. Ils ne commencèrent à l’être que dans l’olympiade qui commence l’an 776 avant notre ère, olympiade où Corœbus remporta le prix. C’est cette dernière olympiade qu’on regarde comme la première, et c’est celle dont les Grecs se sont servis pour calculer les temps. (L.)