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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

cibiade[1]. Le vaisseau qu’il montait, et sur lequel il y avait deux cents hommes, lui appartenait en propre, et il l’avait armé à ses dépens.

XVIII. Les deux flottes, s’étant séparées avec plaisir, se hâtèrent de regagner leurs rades respectives. Les Grecs retournèrent à l’Artémisium après le combat naval. Quoiqu’ils eussent en leur puissance et leurs morts et les débris de leurs vaisseaux, cependant, comme ils avaient été fort maltraités, et particulièrement les Athéniens, dont la moitié des vaisseaux étaient endommagés, ils délibérèrent s’ils ne se retireraient pas précipitamment dans l’intérieur de la Grèce.

XIX. Thémistocles avait conçu que si on réussissait à détacher de l’armée des Barbares les Ioniens et les Cariens, il serait facile d’acquérir de la supériorité sur le reste. Tandis que les Eubéens menaient leurs troupeaux vers la mer, il assembla de ce côté les chefs de l’armée, et leur dit qu’il pensait avoir un moyen infaillible pour enlever au roi les plus braves de ses alliés. Il ne leur en découvrit pas davantage pour lors ; mais il ajouta que, dans l’état actuel, il fallait tuer aux Eubéens autant de bétail qu’on le pourrait, parce qu’il valait mieux que leurs troupes en profitassent que celles des ennemis. Il leur recommanda aussi d’ordonner à leurs troupes d’allumer du feu, et qu’à l’égard du départ il aurait soin de prendre le temps le plus favorable pour qu’ils pussent retourner en Grèce sans accident. Ce conseil fut approuvé. Aussitôt on alluma des feux, et l’on tomba sur les troupeaux.

XX. Les Eubéens n’avaient pas eu jusqu’alors plus d’égard pour l’oracle de Bacis que s’il n’eût rien signifié[2]. Ils

  1. Clinias, fils d’Alcibiade, et père du célèbre Alcibiade, d’une des plus illustres maisons d’Athènes, descendait d’Eurysaces, fils d’Ajax. Il avait épousé Dinomaque, fille de Mégaclès, dont la grand’mère, Agariste, était fille de Clisthènes, tyran de Sicyone. Il comptait parmi ses ancêtres Alcméon, grand-père de celui que Crésus enrichit. Clinias se distingua à la bataille d’Artémisium, et périt au combat de Coronée contre les Béotiens. Il laissa un fils en bas âge, ce fut le fameux Alcibiade. On ignore quel âge avait celui-ci quand son père mourut. (L.)
  2. Il y eut trois Bacis, tous trois devins ; le plus ancien était d’Étéon en Béotie, le second d’Athènes, et le troisième de Caphyé en Arcadie, comme