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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

l’un ayant perdu la vie, et l’autre n’ayant pas voulu mourir, quoiqu’il eût les mêmes raisons, ils furent forcés de lui faire sentir tout le poids de leur colère.

CCXXX. Quelques-uns racontent qu’Aristodémus se sauva à Sparte de la manière et sous le prétexte que nous avons dit. Mais d’autres prétendent que l’armée l’ayant député pour quelque affaire, il pouvait revenir à temps pour se trouver à la bataille, mais qu’il ne le voulut pas, et qu’il demeura longtemps en route afin de conserver ses jours. On ajoute que son collègue revint pour le combat, et fut tué.

CCXXXI. Arislodémus fut, à son retour à Lacédémone, accablé de reproches et couvert d’opprobre ; on le regarda comme un homme infâme. Personne ne voulut ni lui parler, ni lui donner du feu, et il eut l’ignominie d’être surnommé le lâche. Mais, depuis, il répara sa faute a la bataille de Platées.

CCXXXII. On dit que Pantitès, du corps des trois cents, survécut à cette défaite. Il avait été député en Thessalie ; mais à son retour à Sparte, se voyant déshonoré, il s’étrangla lui-même.

CCXXXIII. Les Thébains, commandés par Léontiades, combattirent contre l’armée du roi tant qu’ils furent avec les Grecs et qu’ils s’y virent forcés. Mais dès qu’ils eurent reconnu que la victoire se déclarait pour les Perses, et que les Grecs qui avaient suivi Léonidas se pressaient de se rendre sur la colline, ils se séparèrent d’eux, et s’approchèrent des Barbares en leur tendant les mains. Ils leur dirent en même temps qu’ils étaient attachés aux intérêts des Perses, qu’ils avaient été des premiers à donner au roi la terre et l’eau, qu’ils étaient venus au Thermopyles malgré eux, et qu’ils n’étaient point cause de l’échec que le roi y avait reçu. La vérité de ce discours, appuyée du témoignage des Thessaliens, leur sauva la vie ; mais ils ne furent pas heureux, du moins en tout, car les Barbares qui les prirent en tuèrent quelques-uns à mesure qu’ils approchaient : le plus grand nombre fut marqué des marques royales par l’ordre de Xerxès, à commencer par Léontiades, leur général. Son fils Eurymachus, qui s’em-