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ÉRATO, LIVRE VI.

de Lesbos, de Ténédos. Quand ils voulaient en prendre une, ils en enveloppaient les habitants comme dans un filet, de manière qu’ils ne pouvaient leur échapper. Voici comment cela se pratique. Ils se tiennent les uns les autres par la main, et, étendant leur ligne depuis la partie de la mer qui est au nord jusqu’à celle qui regarde le sud, ils parcourent l’île entière, et vont ainsi à la chasse des hommes. Ils s’emparèrent aussi avec la même facilité des villes ioniennes de la terre ferme ; mais ils n’en prenaient pas de même les habitants, cela n’était pas possible.

XXXII. Les généraux perses effectuèrent alors les menaces qu’ils avaient faites aux Ioniens, lorsque les deux armées étaient en présence. En effet, ils ne se furent pas plutôt rendus maîtres de leurs villes, qu’ils choisirent les plus beaux enfants pour en faire des eunuques, qu’ils arrachèrent les plus belles filles des bras de leurs mères pour les envoyer au roi, et que, non contents de cela, ils mirent le feu à leurs villes et à leurs temples. Les Ioniens furent ainsi subjugués pour la troisième fois ; ils l’avaient été la première par les Lydiens, et dans la suite ils le furent deux fois par les Perses.

XXXIII. La flotte passa des côtes de l’Ionie à celles de l’Hellespont, et soumit tout ce qui s’y trouve à gauche. Les pays à droite sur le continent l’avaient été auparavant par les Perses. Elle s’empara, dans la partie de l’Hellespont qui est en Europe, de la Chersonèse et de ses villes, de Périnthe, des châteaux qui sont en Thrace, de Sélybrie et de Byzance. Les Byzantins et les Chalcédoniens, qui habitent sur le rivage opposé, n’attendirent pas la flotte phénicienne ; ils quittèrent leurs villes, et s’enfuirent sur les côtes du Pont-Euxin, où ils fondèrent la ville de Mésembria. Les Phéniciens, ayant parcouru ces pays la flamme à la main, tournèrent du côté de Proconnèse et d’Artacé, et les brûlèrent aussi. Ils revinrent ensuite dans la Chersonèse, pour détruire toutes les villes qu’ils avaient épargnées à leur premier abord. Mais ils n’allèrent point à Cyzique. Ses habitants avaient prévenu leur arrivée, en rentrant dans l’obéissance du roi par un traité qu’ils firent avec Œbarès, fils de Mégabyse, gouverneur de Dascylium.

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