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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

sines fournirent cent vingt vaisseaux, qui font vingt-quatre mille hommes. Quant aux troupes de terre que donnèrent les Thraces, les Pæoniens, les Éordes, les Bottiéens[1], les Chalcidiens, les Bryges, les Pières, les Macédoniens, les Perrhæbes, les Ænianes, les Dolopes, les Magnésiens, les Achéens et tous les peuples qui habitent les côtes maritimes de la Thrace, elles allaient, à ce que je pense, à trois cent mille hommes. Ce nombre, ajouté à celui des troupes asiatiques, faisait en tout deux millions six cent quarante et un mille six cent dix hommes.

CLXXXVI. Quoique le nombre des gens de guerre fût si considérable, je pense que celui des valets qui les suivaient, des équipages des navires d’avitaillement, et autres bâtiments qui accompagnaient la flotte, était plus grand, bien loin de lui être inférieur. Je veux bien cependant le supposer ni plus ni moins, mais égal. En ce cas-là, il faisait autant de milliers d’hommes que les combattants des deux armées[2]. Xerxès, fils de Darius, mena donc jusqu’à Sépias et aux Thermopyles cinq millions deux cent quatre-vingt-trois mille deux cent vingt hommes.

CLXXXVII. Tel fut le total du dénombrement de l’armée de Xerxès. Quant aux femmes qui faisaient le pain, aux concubines, aux eunuques, personne ne pourrait en dire le nombre avec exactitude, non plus que celui des chariots de bagages, des bêtes de somme, et des chiens indiens qui suivaient l’armée, tant il était grand. Je ne suis par conséquent nullement étonné que des rivières n’aient pu suffire à tant de monde ; mais je le suis qu’on ait eu assez de vivres pour tant de milliers d’hommes. Car je trouve par mon calcul qu’en distribuant par tête une

  1. Les Bottiéens étaient Athéniens d’origine, et descendaient, selon Aristote, de ces enfants que les Athéniens avaient envoyés à Minos, en Crète, par forme de tribut. Ces enfants vieillissaient dans cette île en gagnant leur vie du travail de leur mains. Les Crétois, voulant s’acquitter d’un vœu, envoyèrent à Delphes les prémices de leurs citoyens, auxquelles se joignirent les descendants de ces Athéniens. Comme ils ne pouvaient vivre en ce lieu, ils allèrent d’abord en Italie, et s’établirent aux environs de l’Iapygie ; ils passèrent ensuite en Thrace, où ils prirent le nom de Bottiéens. De là vient que dans un sacrifice solennel leurs jeunes filles chantaient ce refrain : Allons à Athènes. (L.)
  2. L’armée de terre et celle de mer.