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POLYMNIE, LIVRE VII.

avez la hardiesse et l’insolence de m’inviter à joindre mes forces aux vôtres contre les Perses ; et lorsque je vous priai de me secourir contre les Carthaginois, avec qui j’étais en guerre ; lorsque j’implorai votre assistance pour venger sur les habitants d’Ægeste la mort de Doriée, fils d’Anaxandrides, et que j’offris de contribuer à remettre en liberté les ports et villes de commerce, qui vous procuraient beaucoup d’avantages et de grands profits, non-seulement vous refusâtes de venir à mon secours, mais encore vous ne voulûtes pas venger avec moi l’assassinat de Doriée. Il n’a donc pas tenu à vous que ce pays ne soit entièrement devenu la proie des Barbares. Mais les choses ont pris une tournure plus favorable. Maintenant donc que la guerre est à votre porte et même chez vous, vous vous souvenez enfin de Gélon. Quoique vous en ayez agi avec moi d’une manière méprisante, je ne vous ressemblerai point, et je suis prêt à envoyer à votre secours deux cents trirèmes, vingt mille hoplites, deux mille hommes de cavalerie, deux mille archers, deux mille frondeurs et deux mille hommes de cavalerie légère. Je m’engage aussi à fournir du blé pour toute l’armée jusqu’à la fin de la guerre ; mais c’est à condition que j’en aurai le commandement. Autrement je n’irai point en personne à cette expédition, et je n’y enverrai aucun de mes sujets. »

CLIX. Syagrus ne pouvant se contenir : « Certes, dit-il, ce serait un grand sujet de douleur pour Agamemnon, descendant de Pélops, s’il apprenait que les Spartiates se fussent laissé dépouiller du commandement par un Gélon et par des Syracusains. Ne nous parlez plus de vous le céder. Si vous voulez secourir la Grèce, sachez qu’il vous faudra obéir aux Lacédémoniens ; si vous refusez de servir sous eux, nous n’avons pas besoin de vos troupes. »

CLX. Gélon, apercevant assez par cette réponse l’éloignement qu’on avait pour ses demandes, leur fit enfin cette autre proposition : « Spartiates, les injures qu’on dit à un homme de cœur excitent ordinairement sa colère ; mais vous aurez beau me tenir des propos insultants, vous ne