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POLYMNIE, LIVRE VII.

thiès et de Boulis à Sparte. Mais longtemps après, à ce que disent les Lacédémoniens, cette colère se réveilla dans la guerre des Péloponnésiens et des Athéniens. Pour moi, je ne trouve en cet événement rien de divin. Car que la colère de Talthybius se soit appesantie sur des envoyés, et qu’elle n’ait point cessé avant que d’avoir eu son effet, cela était juste ; mais qu’elle soit tombée sur les enfants de ces deux Spartiates qui s’étaient rendus auprès du roi pour apaiser sa colère, je veux dire sur Nicolaos, fils de Boulis, et sur Anériste, fils de Sperthiès, qui enleva des pêcheurs de Tiryns qui naviguaient autour du Péloponnèse[1] sur un vaisseau de charge monté par des hommes d’Andros, cela ne me paraît point un effet de la vengeance des dieux et une suite de la colère de Talthybius. Car Nicolaos et Anériste ayant été envoyés en ambassade en Asie par les Lacédémoniens, Sitalcès, fils de Térès[2], roi des Thraces, et Nymphodore[3], fils de Pythéas, de la ville d’Abdère, les ayant trahis, ils furent pris vers Bisanthe sur l’Hellespont, et amenés dans l’Attique, où les Athéniens les firent mourir, et avec eux Aristéas[4], fils d’Adimante de Corinthe. Mais ces événements sont postérieurs de bien des années à l’expédition du roi contre la Grèce[5].

CXXXVIII. Je reviens maintenant à mon sujet. La marche de Xerxès ne regardait en apparence qu’Athènes,

  1. On voit par Thucydide que les Lacédémoniens firent mourir des marchands athéniens et des alliés de ce peuple qu’ils prirent sur des vaisseaux de charge naviguant autour du Péloponnèse. (L.)
  2. Térès fut un prince valeureux et le fondateur du royaume des Odryses. Il eut deux fils, Sitalcès et Sparodous, et une fille dont on ignore le nom. Cette fille fut mariée à Ariapithès, roi des Scythes. (L.)
  3. Ce Nymphodore était beau-frère de Sitalcès, et en grand crédit auprès de lui. Il procura aux Athéniens l’alliance de Sitalcès, et fit déclarer Sadocus, fils de ce prince, citoyen d’Athènes. (L.)
  4. Il commandait les Corinthiens à la journée de Potidée, et il enfonça l’aile des Athéniens qui lui était opposée. Cet événement est de la seconde année de la lxxxvie olympiade. Il fut pris environ cinq ans après. Ayant été conduit à Athènes, on le fit mourir. La conduite injurieuse de son père Adimante envers Thémistocles, et sa fuite honteuse à la journée de Salamine, contribuèrent beaucoup à son malheur. (L.)
  5. Cela arriva la troisième année de la lxxxviie olympiade, comme on le voit par Thucydide. Hérodote écrivait donc en ce temps-là cette partie de son Histoire, ou bien il ajouta ces circonstances après l’événement. (L.)