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CLIO, LIVRE I.

d’influence sur tous les autres Perses, savoir, les Pasargades, les Maraphiens et les Maspiens. Les Pasargades sont les plus illustres ; les Achéménides, d’où descendent les rois de Perse, en sont une branche. Les Panthialéens, les Dérusiéens, les Germaniens, sont tous laboureurs. Les autres, savoir, les Daens, les Mardes, les Dropiques et les Sagartiens, sont nomades, et ne s’occupent que de leurs troupeaux.

CXXVI. Lorsqu’ils se furent tous présentés armés de faux, Cyrus, leur montrant un certain canton de la Perse, d’environ dix-huit à vingt stades, entièrement couvert de ronces et d’épines, leur commanda de l’essarter tout entier en un jour. Ce travail achevé, il leur ordonna de se baigner le lendemain, et de se rendre ensuite auprès de lui. Cependant, ayant fait mener au même endroit tous les troupeaux de son père, tant de chèvres que de moutons et de bœufs, il les fit tuer et apprêter. Outre cela, il fit apporter du vin et les mets les plus exquis, pour régaler l’armée. Le lendemain, les Perses étant arrivés, il les fit asseoir sur l’herbe, et leur donna un grand festin. Le repas fini, Cyrus leur demanda laquelle de ces deux conditions leur paraissait préférable, la présente, ou celle de la veille. Ils s’écrièrent qu’il y avait une grande différence entre l’une et l’autre : que le jour précédent ils avaient éprouvé mille peines, au lieu qu’actuellement ils goûtaient toutes sortes de biens et de douceurs. Cyrus saisit cette réponse pour leur découvrir ses projets. « Perses, leur dit-il, tel est maintenant l’état de vos affaires : si vous voulez m’obéir, vous jouirez de ces biens, et d’une infinité d’autres encore, sans être exposés à des travaux serviles. Si, au contraire, vous ne voulez pas suivre mes conseils, vous ne devez attendre que des peines sans nombre, et pareilles à celles que vous souffrîtes hier. Devenez donc libres en m’obéissant ; car il semble que je sois né, par un effet particulier de la bonté des dieux, pour vous faire jouir de ces avantages : et d’ailleurs je ne vous crois nullement inférieurs aux Mèdes, soit dans ce qui concerne la guerre, soit en

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