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CLIO, LIVRE I.

s’attribuent quelque temps la victoire : les Argiens, parce qu’ils avaient l’avantage du nombre ; les Lacédémoniens, parce que les combattants d’Argos avaient pris la fuite tandis que leur guerrier était resté dans son poste, et qu’il avait dépouillé leurs morts. Enfin, la dispute s’étant échauffée, on en vint aux mains ; et, après une perte considérable de part et d’autre, les Lacédémoniens furent vainqueurs.

Depuis ce temps-là, les Argiens, qui jusqu’alors avaient été obligés de porter leurs cheveux, se rasèrent la tête ; et, par une loi accompagnée d’imprécations contre les infracteurs, ils défendirent aux hommes de laisser croître leurs cheveux, et aux femmes de porter des ornements d’or, avant qu’on eût recouvré Thyrée. Les Lacédémoniens, qui auparavant avaient des cheveux courts, s’imposèrent la loi contraire, celle de les porter fort longs. Quant à Othryades, resté seul des trois cents Lacédémoniens, on dit que, honteux de retourner à Sparte après la perte de ses compagnons, il se tua sur le champ de bataille, dans le territoire de Thyrée.

LXXXIII. Telle était la situation des affaires à Sparte, lorsqu’il arriva de Sardes un héraut pour prier les Spartiates de donner du secours à Crésus, qui était assiégé dans sa capitale. Sur cette demande, on ne balança pas à lui en envoyer. Déjà les troupes étaient prêtes et les vaisseaux équipés : un autre courrier apporta la nouvelle que la ville des Lydiens était prise et que Crésus avait été fait prisonnier. Les Spartiates en furent très-affligés, et se tinrent en repos.

LXXXIV. Voici la manière dont la ville de Sardes fut prise. Le quatorzième jour du siége, Cyrus fit publier, par des cavaliers envoyés par tout le camp, qu’il donnerait une récompense à celui qui monterait le premier sur la muraille. Animée par ces promesses, l’armée fit des tentatives, mais sans succès : on cessa les attaques ; le seul Hyrœadès, Marde de nation, entreprit de monter à un certain endroit de la citadelle où il n’y avait point de sentinelles. On ne craignait pas que la ville fût jamais prise de ce côté. Escarpée, inexpugnable, cette partie de la citadelle

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