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TERPSICHORE, LIVRE V.

atteignirent à Ephèse. Les Ioniens se rangèrent en bataille vis-à-vis d’eux, livrèrent combat et furent battus. Il y en eut beaucoup de tués ; et parmi les personnes de distinction, on compte Eualcis, commandant des Érétriens, qui avait été plusieurs fois victorieux aux jeux dont le prix est une couronne, et dont les louanges avaient été chantées par Simonide[1] de Céos. Ceux qui se sauvèrent de cette bataille se dispersèrent dans les villes.

CIII. Les Athéniens abandonnèrent après cela totalement les Ioniens, et ne voulurent plus leur donner de secours, malgré les prières que leur fit Aristagoras par ses députés. Quoique privés de l’alliance des Athéniens, les Ioniens ne s’en disposèrent pas moins à continuer la guerre contre Darius, la conduite qu’ils avaient tenue avec ce prince ne leur laissant point d’autre ressource. Ils firent voile dans l’Hellespont, et s’emparèrent de Byzance et de toutes les autres villes voisines. Au sortir de cette mer, ils allèrent en Carie, dont la plus grande partie se confédéra avec eux ; et la ville de Caune, qui avait refusé auparavant leur alliance, y entra aussitôt après l’incendie de Sardes.

CIV. Les Cypriens se liguèrent tous de leur propre mouvement avec eux, excepté les habitants d’Amathonte. Ils s’étaient révoltés contre les Mèdes à l’occasion que je vais dire. Gorgus, roi de Salamine[2], fils de Chersis, petit-fils de Siromus et arrière-petit-fils d’Évelthon, avait un frère cadet, nommé Onésilus. Cet Onésilus l’avait souvent exhorté auparavant à se soulever contre le roi. Lorsqu’il eut appris la révolte des Ioniens, il l’en pressa encore davantage ; mais, n’ayant pu l’y engager, il épia le moment qu’il était sorti de Salamine, et aussitôt il lui en ferma les portes à l’aide des gens de son parti. Gorgus, dépouillé de ses États, se retira chez les Mèdes. Onésilus se voyant

  1. Il y a eu plusieurs Simonides. Celui-ci était fils de Léoprepès, et petit-fils d’un autre Simonide qui avait été poëte aussi. Il mourut à l’âge de quatre-vingt neuf ans, 468 ans avant notre ère.
  2. Ce Gorgus descendait d’Évelthon, roi de Salamine, et contemporain d’Arcésilas iii, roi de Cyrène. Ce dernier prince donna un asile dans ses États à Phérétime, mère d’Arcésilas. Il régnait par conséquent vers l’an 4187 de la période julienne, 527 ans avant l’ère vulgaire. (L.)