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CLIO, LIVRE I.

et les plus petites trois, sur une d’épaisseur. Il y en avait quatre d’or fin, du poids d’un talent et demi ; les autres étaient d’un or pâle, et pesaient deux talents. Il fit faire aussi un lion d’or fin, du poids de dix talents. On le plaça sur ces demi-plinthes ; mais il tomba lorsque le temple de Delphes fut brûlé. Il est maintenant dans le trésor des Corinthiens, et il ne pèse plus que six talents et demi, parce que dans l’incendie du temple il s’en fondit trois talents et demi.

LI. Ces ouvrages achevés, Crésus les envoya à Delphes avec beaucoup d’autres présents, deux cratères[1] extrêmement grands, l’un d’or et l’autre d’argent. Le premier était à droite en entrant dans le temple, et le second à gauche. On les transporta aussi ailleurs, lors de l’incendie du temple. Le cratère d’or est aujourd’hui dans le trésor des Clazoméniens : il pèse huit talents et demi, et douze mines. Celui d’argent est dans l’angle du vestibule du temple : il tient six cents amphores. Les Delphiens y mêlent l’eau avec le vin, aux fêtes appelées Théophanies[2]. Ils disent que c’est un ouvrage de Théodore de Samos ; et je le crois d’autant plus volontiers que cette pièce me paraît d’un travail exquis. Le même prince y envoya aussi quatre muids d’argent, qui sont dans le trésor des Corinthiens ; deux bassins pour l’eau lustrale, dont l’un est d’or et l’autre d’argent. Sur celui d’or est gravé le nom des Lacédémoniens, et ils prétendent avoir fait cette offrande, mais à tort ; il est certain que c’est aussi un présent de Crésus. Un habitant de Delphes y a mis cette inscription pour flatter les Lacédémoniens. J’en tairai le nom, quoique je le sache fort bien. Il est vrai qu’ils ont donné l’enfant à travers la main duquel l’eau coule et se répand ; mais ils n’ont fait présent ni

  1. Cratère, sorte de grand vase qui ne servait point à boire, mais seulement à mêler l’eau avec le vin.
  2. Il est fait mention des Théophanies dans Suidas ; mais il y a grande apparence que cet auteur n’a eu en vue que la fête de la Nativité de Jésus-Christ, que les chrétiens désignaient sous ce nom. M. Walckenaër soupçonne que, cette fête étant plus familière aux copistes d’Hérodote que les Théoxénies, ils auront pris l’une pour l’autre. Cependant, comme Julius Pollux fait mention des Théophanies et des Théoxénies, son autorité m’empêche de me ranger du côté de ce savant. (L.)