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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

tit nombre il en fit un plus grand ; au lieu de quatre phylarques[1], il en créa dix, et distribua les bourgades dans les dix tribus. S’étant ainsi concilié le peuple, il prit un très-grand ascendant sur le parti qui lui était opposé.

LXX. Isagoras, ayant à son tour succombé, eut recours à Cléomène, roi de Lacédémone. Ce prince s’était lié avec lui d’une étroite amitié dans le temps qu’on assiégeait les Pisistratides, et même on l’accusait de rendre à sa femme de fréquentes visites. Il envoya d’abord un héraut à Athènes, pour en faire chasser Clisthène et beaucoup d’autres Athéniens, sous prétexte qu’ils avaient encouru l’anathème. Il suivait en cela les instructions d’Isagoras ; car les Alcméonides et ceux de leur parti étaient accusés d’un meurtre dont nous allons parler. Quant à Isagoras, il n’avait eu lui-même aucune part à ce meurtre, non plus que ses amis.

LXXI. Voici à quelle occasion on donna à cette portion des Athéniens le nom d’Énagées (gens dévoués à l’anathème). Cylon d’Athènes, ayant été victorieux[2] aux jeux olympiques, porta son ambition jusqu’à vouloir s’emparer de la tyrannie. Il se concilia l’amitié de gens de son âge, et tâcha, avec leur secours, de se rendre maître[3] de la citadelle ; mais, n’ayant pu réussir dans son projet, il s’assit en suppliant aux pieds de la statue de Minerve. Les prytanes des naucrares[4], qui gouvernaient alors Athènes, les en firent sortir après s’être engagés à ne les point punir de mort. Mais ils furent massacrés, et l’on accusa les Alc-

  1. Phylarque, chef de tribu. Il y en avait autant que de tribus. Les phylarques obéissaient aux hipparques. (L.)
  2. Il remporta le prix du stade doublé en la xxxve olympiade, selon Eusèbe. Cela est confirmé par Pausanias, qui n’ajoute pas cependant en quelle olympiade il fut victorieux. (L.)
  3. Cylon était d’une des plus illustres maisons d’Athènes, et très-riches ; il avait épousé une fille de Théagène, tyran de Mégare. Sur la foi d’un oracle trompeur, il tenta de s’emparer de la citadelle d’Athènes. Cependant on lui éleva dans cette citadelle une statue de bronze ; mais on conjecture que ce fut parce qu’il avait remporté aux jeux olympiques le prix du stade doublé. (L.)
  4. C’était des magistrats spécialement charchés de l’administration de la marine à Athènes. (Miot.)