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TERPSICHORE, LIVRE V.

l’égalité dans Milet, d’engager les Milésiens à le seconder d’eux-mêmes. Secondement, il fit la même chose dans le reste de l’Ionie, en chassa les tyrans, et, pour se concilier l’affection des villes, il leur livra ceux qu’il avait fait enlever sur les vaisseaux qui l’avaient accompagné à l’expédition de Naxos, et les fit remettre chacun à la ville dont il avait été tyran.

XXXVIII. Les Mytiléniens n’eurent pas plutôt Coès entre les mains, qu’ils le conduisirent au supplice et le lapidèrent. Les Cyméens renvoyèrent leur tyran, et, comme cet exemple fut imité par la plupart des autres villes, la tyrannie se trouva éteinte en Ionie. Aristagoras de Milet ne l’eut pas plutôt abolie, qu’il ordonna à chaque ville d’établir des stratéges[1]. Il s’embarqua ensuite sur une trirème pour se rendre à Lacédémone ; car il avait besoin de se procurer une grande alliance.

XXXIX. Anaxandrides, fils de Léon, roi de Sparte, était mort ; Cléomène, son fils, régnait en sa place. Il était parvenu à la couronne moins par ses belles actions que par sa naissance. Anaxandrides avait épousé une fille de sa sœur. Il l’aimait, mais il n’en avait pas d’enfants. Les éphores, l’ayant un jour mandé à ce sujet, lui tinrent ce langage : « Si votre intérêt personnel vous touche peu, nous ne devons pas, nous autres, laisser éteindre par votre négligence la race d’Eurysthène. Renvoyez votre femme, puisqu’elle ne vous donne pas d’enfants, et prenez-en une autre. Une telle conduite vous rendra agréable aux Spartiates. » Il leur répondit qu’il ne ferait ni l’un ni l’autre ; que sa femme ne lui ayant jamais manqué, il ne pouvait approuver le conseil qu’ils lui donnaient de la renvoyer et d’en épouser une autre ; en un mot, qu’il ne leur obéirait pas.

XL. Les éphores, ayant délibéré sur cette réponse avec

  1. Des stratéges, Στρατηγός n’est point ici un général d’armée, mais un magistrat dont les fonctions répondaient probablement à celles des archontes à Athènes, des cosmes en Crète et en beaucoup de villes doriennes, etc. On substitua même à Athènes les stratéges aux archontes, vers le commencement du ive siècle de notre ère, comme l’a prouvé le père Corsini in Fastis Atticis, disert. i, p. 45. (L.)

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