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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

nérosité nos mères et nos sœurs, afin de vous convaincre que nous avons pour vous les égards que vous méritez. Ne manquez pas, de votre côté, de rapporter au roi, qui vous a députés, l’accueil favorable que vous a fait un Grec, prince de Macédoine, et à table et au lit. » Alexandre fit ensuite asseoir à côté de chaque Perse un Macédonien, comme s’il eût été une femme ; mais, dans l’instant que les Perses voulurent les toucher, ces jeunes gens les massacrèrent.

XXI. Ainsi périrent ces députés avec toute leur suite. Ils étaient, en effet, accompagnés d’un grand nombre de valets, de voitures, et d’un bagage très-considérable ; tout disparut avec eux. Peu de temps après, les Perses firent des enquêtes sur ce meurtre ; mais Alexandre les arrêta par sa prudence, en donnant, avec de grandes sommes, sa sœur Gygée en mariage à Bubarès, l’un des commissaires nommés pour faire les informations au sujet des officiers généraux qui avaient péri. Le bruit de leur mort fut ainsi étouffé et enseveli dans un profond silence.

XXII. Ces princes sont grecs et issus de Perdiccas, comme ils le disent eux-mêmes ; j’en ai une connaissance certaine, et je le prouverai dans la suite de cette Histoire. D’ailleurs les hellanodices[1] qui président aux jeux d’Olympie l’ont ainsi décidé. Alexandre ayant en effet pris la résolution de combattre à ces jeux, et s’étant présenté dans la lice, ceux qui devaient disputer le prix de la course voulurent lui faire donner l’exclusion, alléguant que les Grecs seuls devaient être admis à ces jeux. Mais, ayant prouvé qu’il était Argien, on jugea qu’il était Grec ; et lorsqu’il se

  1. On appelait ainsi les juges qui présidaient aux jeux olympiques. Leur nombre a varié en différents temps. Il fut longtemps de dix, quelquefois de plus et quelquefois de moins, suivant le nombre des tribus des Éléens ; mais enfin il revint à dix dans la cviiie olympiade, et subsista de la sorte jusqu’au temps de Pausanias, qui fleurissait l’an 174 de notre ère. Ils ne jugeaient pas tous sur toutes sortes de combats, mais seulement ceux qui étaient délégués à cet effet. On pouvait appeler de leurs décisions, et même les accuser devant le sénat d’Olympie, qui cassait quelquefois leurs jugements. Ceux qu’on avait élus hellanodices devaient demeurer dix mois de suite dans un palais qui leur était approprié à Olympie, qu’on appelait Ελλανοδικαιών, Hellanodicæon, afin de s’y instruire de ce qu’ils devaient faire lorsqu’ils entreraient en charge. (L.)