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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

en Macédoine sept Perses, qui tenaient après lui le premier rang dans l’armée, pour demander à Amyntas la terre et l’eau, au nom de Darius. Du lac Prasias[1] en Macédoine, il n’y a pas loin. En effet, la mine qui rapporta dans la suite à Alexandre un talent par jour touche à ce lac. Après cette mine, est le mont Dysorum ; lorsqu’on l’a passé, on est en Macédoine.

XVIII. Les députés de Mégabyse ne furent pas plutôt arrivés, qu’ayant été introduits auprès d’Amyntas, ils lui demandèrent, au nom de Darius, la terre et l’eau ; ce que ce prince accorda. Les ayant ensuite invités à loger dans son palais, il leur donna un repas magnifique, et les accueillit avec beaucoup de bienveillance. Après le repas, comme on buvait, à l’envi l’un de l’autre, les Perses s’adressant à Amyntas : « Notre hôte, lui dirent-ils, quand nous donnons un grand repas, nous sommes dans l’usage d’introduire dans la salle du festin nos concubines et nos jeunes femmes, et de les faire asseoir à côté de nous. Puisque vous nous recevez avec tant de bonté et de magnificence, et que vous donnez à Darius la terre et l’eau, pourquoi ne suivez-vous pas aujourd’hui les usages des Perses ? » — « Nos coutumes sont bien, répondit Amyntas, et ce n’est point l’usage parmi nous que les femmes se trouvent avec les hommes ; mais, puisque vous souhaitez encore ce témoignage de notre déférence, vous êtes nos maîtres, vous serez obéis. » Aussitôt il envoya chercher les femmes. Lorsqu’elles furent arrivées, elles prirent place à côté l’une de l’autre et en face des Perses. Ceux-ci, les voyant si belles, dirent à Amyntas qu’il n’était pas bien à lui de les tenir si éloignées, et qu’il aurait mieux valu qu’elles ne fussent pas venues du tout que de ne point s’asseoir à leurs côtés, et de se placer vis-à-vis d’eux pour être le tourment de leurs yeux. Amyntas, cédant à la nécessité, ordonna aux femmes de se mettre à côté des Perses. Elles obéirent, et sur-le-champ ceux-ci, échauffés par le

  1. D’Anville prétend que le lac Bolbé est le lac Prasias, mais il ne cite aucune autorité. La position de ce lac est d’autant plus difficile à déterminer, qu’Hérodote est, je crois, le seul auteur ancien qui en parle.