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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

Ayant tenu conseil entre eux, ils résolurent, d’un consentement unanime, d’aller faire la guerre au vent du midi. Je rapporte les propos des Libyens. Lorsqu’ils furent arrivés dans les déserts sablonneux, le même vent, soufflant avec violence, les ensevelit sous des monceaux de sable. Les Psylles détruits, les Nasamons s’emparèrent de leurs terres.

CLXXIV. Au-dessus de ces peuples, vers le midi, dans un pays rempli de bêtes féroces, sont les Garamantes, qui fuient le commerce et la société de tous les hommes : ils n’ont aucune sorte d’armes, et ne savent pas même se défendre.

CLXXV. Cette nation habite au-dessus des Nasamons. Elle a pour voisins les Maces. Ceux-ci sont à l’ouest et le long de la mer. Ils se rasent de manière qu’il reste, sur le haut de la tête, une touffe de cheveux. Ils y parviennent, en laissant croître leurs cheveux sur le milieu de la tête, et en se rasant de très-près des deux côtés. Quand ils vont à la guerre, ils portent, pour armes défensives, des peaux d’autruches. Le Cinyps descend de la colline des Grâces, traverse leur pays, et se jette dans la mer. Cette colline est entièrement couverte d’une épaisse forêt ; au lieu que le reste de la Libye, dont j’ai parlé jusqu’ici, est un pays où l’on ne voit point d’arbres : de cette colline à la mer il y a deux cents stades.

CLXXVI. Les Gindanes touchent aux Maces. On dit que leurs femmes portent chacune, autour de la cheville du pied, autant de bandes de peaux qu’elles ont vu d’hommes ; celle qui en a davantage est la plus estimée, comme ayant été aimée d’un plus grand nombre d’hommes.

CLXXVII. Les Lotophages habitent le rivage de la mer, qui est devant le pays des Gindanes. Ces peuples ne vivent que des fruits du lotos[1] ; ce fruit est à peu près de la

    s’étendait depuis le pays des Nasamons jusqu’aux Maces ; ils étaient par conséquent enfermés au nord par la grande Syrte. C’est ce qui fait dire à Hérodote qu’ils étaient en dedans de la Syrte. (L.)

  1. C’est une espèce de jujubier, le rhamnus lotus de Linné. Son fruit a beaucoup de rapport avec celui du jujubier cultivé, le rhamnus ziziphus, mais il en diffère en ce qu’il est sphérique et plus petit. (Dissertation de Desfontaines sur le lotus, dans les Mémoires de l’Académie des sciences.)