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MELPOMÈNE, LIVRE IV.

ne se tenait pas ferme sur ses pieds. Les Cyrénéens, extrêmement affligés de leurs pertes, envoyèrent à Delphes demander à l’oracle quelle forme de gouvernement ils devaient établir pour vivre plus heureux. La Pythie leur ordonna de faire venir de Mantinée, en Arcadie, quelqu’un qui pût rétablir parmi eux la paix et la concorde. Les Cyrénéens s’étant adressés aux Mantinéens, ceux-ci leur donnèrent un homme des plus estimés de leur ville, nommé Démonax, qui se rendit avec eux à Cyrène. Lorsqu’il se fut instruit de l’état des affaires, il partagea les Cyrénéens en trois tribus, dont une comprenait les Théréens et leurs voisins, l’autre les Péloponnésiens et les Crétois, et la troisième tous les insulaires. Enfin, on mit en réserve, pour Battus, de certaines portions de terre avec les sacrificatures, et on rendit au peuple toutes les autres prérogatives dont les rois avaient joui jusqu’alors.

CLXII. Ces règlements subsistèrent sous le règne de Battus ; mais, sous celui de son fis, il s’éleva de grands troubles au sujet des honneurs. En effet, Arcésilas, fils de Battus le boiteux et de Phérétime, déclara qu’il ne souffrirait point que les lois de Démonax subsistassent plus longtemps, et redemanda les prérogatives dont avaient joui ses ancêtres. Arcésilas excita des troubles à ce sujet ; mais, son parti ayant eu du dessous, il s’enfuit à Samos, et Phérétime, sa mère, à Salamine en Cypre.

Salamine était, en ce temps-là, gouvernée par Évelthon, qui consacra à Delphes un très-bel encensoir, qu’on voit dans le trésor des Corinthiens. Phérétime, étant arrivée à la cour d’Évelthon, lui demanda des troupes pour se rétablir à Cyrène, elle et son fils. Mais ce prince lui donnait plus volontiers toute autre chose qu’une armée. Phérétime acceptait ses présents, et les trouvait très-beaux ; mais elle ajoutait qu’il lui serait beaucoup plus honorable de lui accorder des troupes. Comme elle faisait toujours la même réponse à chaque présent, Évelthon lui accorda enfin un fuseau d’or, avec une quenouille revêtue de laine, et lui fit dire que l’on faisait aux femmes de pareils présents, mais qu’on ne leur donnait pas une armée.

CLXIII. Pendant ce temps-là, Arcésilas, faisant espérer

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