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MELPOMÈNE, LIVRE IV.

au nombre de sept, on enverrait des hommes, que les frères tireraient au sort, et que Battus serait leur chef et leur roi. En conséquence de cette résolution, on envoya à Platée deux vaisseaux de cinquante rames chacun. Telle est la manière dont les Théréens racontent cette histoire.

CLIV. Les Cyrénéens sont d’accord avec eux en tout, excepté en ce qui concerne Battus. Voici de quelle manière ils le rapportent. Étéarque, roi de la ville d’Axus, en Crète, ayant perdu sa femme, dont il avait une fille nommée Phronime, en épousa une autre, qui ne fut pas plutôt entrée dans sa maison, qu’elle fit voir par ses actions qu’elle était une vraie marâtre. Il n’y eut rien en effet qu’elle n’imaginât pour faire maltraiter cette princesse ; enfin elle l’accusa de s’être abandonnée à un homme, et parvint à le faire croire à son mari.

Etéarque, persuadé par cette femme, se porta contre sa fille à une action odieuse. Il y avait alors à Axus un marchand de Théra, nommé Thémison. Ce prince le manda, et, ayant contracté avec lui l’hospitalité, il lui fit promettre avec serment de lui prêter son ministère dans toutes les choses où il aurait besoin de lui. Le serment exigé, il lui remit sa fille entre les mains, et lui dit de l’emmener, et de la jeter dans la mer. Thémison, fâché qu’on lui eût fait faire un serment pour le tromper, renonça à l’amitié d’Etéarque. Il remit à la voile avec la princesse ; et, quand il fut en pleine mer, il l’attacha avec des cordes, et, pour s’acquitter de son serment, il la descendit dans la mer ; mais il l’en retira, et la mena dans l’île de Théra.

CLV. Lorsqu’elle y fut arrivée, Polymnestus, homme distingué, la prit pour concubine. Il en eut, au bout d’un certain temps, un fils qui bégayait et grasseyait. Cet enfant fut appelé Battus, suivant les Théréens et les Cyrénéens ; mais je pense qu’il eut un autre nom, et qu’après son arrivée en Libye il fut ainsi surnommé, tant à cause de la réponse qu’il avait reçue de l’oracle de Delphes, que par rapport à sa dignité : car Battus signifie roi dans la langue des Libyens ; et ce fut, à mon avis, par cette raison que la Pythie, sachant qu’il devait régner en Libye, lui donna