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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

fais actuellement que ce que j’avais coutume de faire aussi en temps de paix. Mais je vais te dire pourquoi je ne t’ai pas combattu sur-le-champ. Comme nous ne craignons ni qu’on prenne nos villes, puisque nous n’en avons point, ni qu’on fasse du dégât sur nos terres, puisqu’elles ne sont point cultivées, nous n’avons pas de motifs pour nous hâter de donner bataille. Si cependant tu veux absolument nous y forcer au plus tôt, nous avons les tombeaux de nos pères ; trouve-les, et essaye de les renverser : tu connaîtras alors si nous combattrons pour les défendre. Nous ne te livrerons pas bataille auparavant, à moins que quelque bonne raison ne nous y oblige. C’en est assez sur ce qui regarde le combat. Quant à mes maîtres, je n’en reconnais point d’autre que Jupiter, l’un de mes ancêtres, et Vesta, reine des Scythes. Au lieu de la terre et de l’eau, je t’enverrai des présents plus convenables. Quant à toi, qui te vantes d’être mon maître, c’est à toi de pleurer[1]. » Telle est la réponse des Scythes, que le héraut alla porter à Darius.

CXXVIII. Au seul nom de servitude, les rois des Scythes, irrités, firent partir les Scythes sur qui régnait Scopasis, avec les Sauromates qui servaient avec eux, pour aller conférer avec les Ioniens, à qui l’on avait confié la garde du pont de l’Ister. Quant aux Scythes qui restaient dans le pays, ils résolurent de ne plus forcer les Perses à courir de côté et d’autre, mais de les attaquer toutes les fois qu’ils prendraient leur repas. En conséquence, ayant observé le temps où ils le prenaient, ils exécutèrent ce qui avait été concerté entre eux. Dans ces attaques, la cavalerie des Scythes mettait toujours en fuite celle des Perses ; mais celle-ci en fuyant se repliait sur l’infanterie, qui ne manquait pas de la soutenir. Ainsi, lorsque les Scythes avaient fait reculer la cavalerie ennemie, la crainte des gens de pied les forçait aussitôt à se retirer. Ils ne laissaient pas néanmoins de recommencer de pareilles attaques pendant la nuit.

CXXIX. Ce qui est bien étonnant, c’est que le cri des

  1. C’est l’expression du plus grand mépris.