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MELPOMÈNE, LIVRE IV.

lès. Sitalcès n’eut pas plutôt son frère en son pouvoir, qu’il se retira avec ses troupes ; et dès qu’on eut rendu Scylès, Octamasades lui fit trancher la tête sur la place même. Telle est la scrupuleuse exactitude des Scythes dans l’observation de leurs lois et de leurs coutumes, et la rigueur avec laquelle ils punissent ceux qui en affectent d’étrangères.

LXXXI. Quant à la population de la Scythie, on m’en a parlé diversement, et je n’en ai jamais rien pu apprendre de certain : les uns m’ont dit que ce pays était très-peuplé, et les autres, qu’à ne compter que les véritables Scythes, il l’était peu. Mais voici ce que j’ai vu par moi-même.

Entre le Borysthène et l’Hypanis, est un certain canton qu’on appelle Exampée. J’en ai fait mention un peu plus haut, en parlant d’une fontaine dont les eaux sont si amères, que celles de l’Hypanis, dans lequel elle se jette, en sont tellement altérées, qu’il n’est pas possible d’en boire. Il y a dans ce pays un vase d’airain six fois plus grand que le cratère qui se voit à l’embouchure du Pont-Euxin, et que Pausanias, fils de Cléombrote, y a consacré. Je vais en donner les dimensions, en faveur de ceux qui ne l’ont point vu. Ce vase d’airain, qui est dans la Scythie, contient aisément six cents amphores, et il a six doigts d’épaisseur. Les habitants du pays m’ont dit qu’il avait été fait de pointes de flèches ; que leur roi Ariantas, voulant savoir le nombre de ses sujets, commanda à tous les Scythes d’apporter chacun une pointe de flèche, sous peine de mort ; qu’on lui en apporta en effet une quantité prodigieuse, dont il fit faire ce vase d’airain, qu’il consacra dans le lieu qu’on appelle Exampée, comme un monument qu’il laissait à la postérité. Voilà ce que j’ai appris de la population des Scythes.

LXXXII. La Scythie n’a rien de merveilleux que les fleuves qui l’arrosent ; ils sont très-considérables et en très-grand nombre. Mais, indépendamment de ses fleuves et de ses vastes plaines, on y montre encore une chose digne d’admiration : c’est l’empreinte du pied d’Hercule, sur un roc près du Tyras. Cette empreinte ressemble à celle d’un pied d’homme, mais elle a deux coudées de long.