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HISTOIRE D’HÉRODOTE.

chevaux et d’autres animaux, et lui immolent plus de victimes qu’au reste des dieux. Ils lui sacrifient aussi le centième de tous les prisonniers qu’ils font sur leurs ennemis, mais non de la même manière que les animaux ; la cérémonie en est bien différente. Ils font d’abord des libations avec du vin sur la tête de ces victimes humaines, les égorgent ensuite sur un vase, portent ce vase au haut de la pile, et en répandent le sang sur le cimeterre. Pendant qu’on porte ce sang au haut de la pile, ceux qui sont au bas coupent le bras droit avec l’épaule à tous ceux qu’ils ont immolés, et les jettent en l’air. Apres avoir achevé le sacrifice de toutes les autres victimes, ils se retirent ; le bras reste où il tombe, et le corps demeure étendu dans un autre endroit.

LXIII. Tels sont les sacrifices établis parmi ces peuples ; mais ils n’immolent jamais de pourceaux, et ne veulent pas même en nourrir dans leur pays.

LXIV. Quant à la guerre, voici les usages qu’ils observent. Un Scythe boit du sang du premier homme qu’il renverse, coupe la tête à tous ceux qu’il tue dans les combats, et la porte au roi. Quand il lui a présenté la tête d’un ennemi, il a part à tout le butin ; sans cela, il en sera privé. Pour écorcher une tête, le Scythe fait d’abord une incision à l’entour, vers les oreilles, et, la prenant par le haut, il en arrache la peau en la secouant. Il pétrit ensuite cette peau entre ses mains, après en avoir enlevé toute la chair avec une côte de bœuf ; et, quand il l’a bien amollie, il s’en sert comme d’une serviette. Il la suspend à la bride du cheval qu’il monte, et s’en fait honneur : car plus un Scythe peut avoir de ces sortes de serviettes, plus il est estimé vaillant et courageux. Il s’en trouve beaucoup qui cousent ensemble des peaux humaines, comme des capes de berger, et qui s’en font des vêtements. Plusieurs aussi écorchent, jusqu’aux ongles inclusivement, la main droite des ennemis qu’ils ont tués, et en font des couvercles à leurs carquois. La peau d’homme est en effet épaisse ; et de toutes les

    visitur aut delubrum… sed gladius, barbarico ritu, humi figitur nudus, eumque ut Martem… colunt. À Rome même, une pique représentait autrefois le dieu Mars, comme nous l’apprenons de Varron. (L.)