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MELPOMÈNE, LIVRE IV.

quoique les fleuves voisins soient limoneux. On recueille sur ses bords d’excellentes moissons ; et, dans les endroits où l’on ne sème point, l’herbe y vient fort haute et en abondance. Le sel se cristallise de lui-même à son embouchure et en grande quantité. Il produit de gros poissons sans arêtes, qu’on sale ; on les appelle antacées. On y trouve aussi beaucoup d’autres choses dignes d’admiration.

Jusqu’au pays appelé Gerrhus, il y a quarante journées de navigation, et l’on sait que ce fleuve vient du nord. Mais on ne connaît ni les pays qu’il traverse plus haut, ni les nations qui l’habitent. Il y a néanmoins beaucoup d’apparence qu’il coule à travers un pays désert, pour venir sur les terres des Scythes cultivateurs. Ces Scythes habitent sur ses bords pendant l’espace de dix journées de navigation. Ce fleuve et le Nil sont les seuls dont je ne puis indiquer les sources, et je ne crois pas qu’aucun Grec en sache davantage. Quand le Borysthène est près de la mer, l’Hypanis mêle avec lui ses eaux en se jetant dans le même marais. La langue de terre qui est entre ces deux fleuves s’appelle le promontoire d’Hippolaüs. On y a bâti un temple à Cérès. Au delà de ce temple, vers le bord de l’Hypanis, habitent les Borysthénites. Mais en voilà assez sur ces fleuves.

LIV. On rencontre ensuite le Panticapès, et c’est la cinquième rivière. Elle vient aussi du nord, sort d’un lac, entre dans l’Hylée, et, après l’avoir traversée, elle mêle ses eaux avec celles du Borysthène. Les Scythes cultivateurs habitent entre ces deux rivières.

LV. La sixième est l’Hypacyris ; elle sort d’un lac, traverse par le milieu les terres des Scythes nomades, et se jette dans la mer près de la ville de Carcinitis, enfermant à droite le pays d’Hylée, et ce qu’on appelle la Course d’Achille.

LVI. Le septième fleuve est le Gerrhus ; il se sépare du Borysthène vers l’endroit où ce fleuve commence à être connu, depuis le Gerrhus, pays qui lui donne son nom. En coulant vers la mer, il sépare les Scythes nomades des Scythes royaux, et se jette dans l’Hypacyris.

LVII. Le huitième, enfin, est le Thanaïs ; il vient d’un