Page:Hérodote - Histoire, trad. Larcher, tome 1, 1850.djvu/337

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
338
HISTOIRE D’HÉRODOTE.

qu’en cette saison il pleut très-peu dans les pays où il passe, et que toute la terre y est couverte de neige. Cette neige, qui est tombée en abondance pendant l’hiver, venant à se fondre en été, se jette dans l’Ister. La fonte des neiges, et les pluies fréquentes et abondantes qui arrivent en cette saison, contribuent à le grossir. Si donc en été, le soleil attire à lui plus d’eau qu’en hiver, celles qui se rendent dans ce fleuve sont aussi, à proportion, plus abondantes en été qu’en hiver. Il résulte de cette opposition une compensation qui fait paraître ce fleuve toujours égal.

LI. L’Ister est donc un des fleuves qui coulent en Scythie. On rencontre ensuite le Tyras ; il vient du nord, et sort d’un grand lac qui sépare la Scythie de la Neuride. Les Grecs qu’on appelle Tyrites habitent vers son embouchure.

LII. L’Hypanis est le troisième : il vient de la Scythie, et coule d’un grand lac autour duquel paissent des chevaux blancs sauvages. Le lac s’appelle avec raison la Mère de l’Hypanis. Cette rivière, qui prend sa source dans ce lac, est petite, et son eau est douce pendant l’espace de cinq journées de navigation ; mais ensuite, à quatre journées de la mer, elle devient très-amère. Cette amertume provient d’une fontaine qu’elle reçoit, et qui est si amère, que, quoique fort petite, elle ne laisse pas de gâter toutes les eaux de cette rivière, qui est grande entre les petites. Cette fontaine est sur les frontières du pays des Scythes laboureurs et des Alazons, et porte le même nom que l’endroit d’où elle sort. On l’appelle en langue scythe Exampée, qui signifie en grec Voies sacrées. Le Tyras et l’Hypanis s’approchent l’un de l’autre dans le pays des Alazons, mais bientôt après ils s’éloignent, et laissent entre eux un grand intervalle.

LIII. Le Borysthène est le quatrième fleuve, et le plus grand de ce pays après l’Ister. C’est aussi, à mon avis, le plus fécond de tous les fleuves, non-seulement de la Scythie, mais du monde, si l’on excepte le Nil, avec lequel il n’y en a pas un qui puisse entrer en comparaison. Il fournit au bétail de beaux et d’excellents pâturages. On y pêche abondamment toutes sortes de bons poissons. Son eau est très-agréable à boire et elle est toujours claire et limpide,