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MELPOMÈNE, LIVRE IV.

leurs cours entre les deux autres, et se jettent aussi dans l’Ister. Telles sont les rivières qui, prenant leur source en Scythie, vont grossir l’Ister.

XLIX. Le Maris coule du pays des Agathyrses, et se jette dans l’Ister. Des sommets du mont Hémus sortent trois autres grandes rivières, l’Atlas, l’Auras et le Tibisis ; elles prennent leur cours vers le nord, et se perdent dans le même fleuve. Il en vient aussi trois autres par la Thrace et le pays des Thraces-Crobyziens, qui se rendent dans l’Ister. Ces fleuves sont l’Athrys, le Noès et l’Artanès. Le Cios vient de la Pæonie et du mont Rhodope ; il sépare par le milieu le mont Hémus, et se décharge dans le même fleuve. L’Angrus coule de l’Illyrie vers le nord, traverse la plaine Triballique, se jette dans le Brongus, et celui-ci dans l’Ister ; de sorte que l’Ister reçoit tout à la fois les eaux de deux grandes rivières. Le Carpis et l’Alpis sortent du pays au-dessus des Ombriques, coulent vers le nord, et se perdent dans le même fleuve. On ne doit pas au reste s’étonner que l’Ister reçoive tant de rivières, puisqu’il traverse toute l’Europe. Il prend sa source dans le pays des Celtes (ce sont les derniers peuples de l’Europe du côté de l’occident, si l’on excepte les Cynètes), et, après avoir traversé l’Europe entière, il entre dans la Scythie par une de ses extrémités.

L. La réunion de toutes les rivières dont je viens de parler et de beaucoup d’autres rend l’Ister le plus grand des fleuves. Mais, si on le compare lui seul avec le Nil, on donnera la préférence au fleuve d’Égypte, parce que celui-ci ne reçoit ni rivière ni fontaine qui serve à le grossir[1]. L’Ister, comme je l’ai déjà dit, est toujours égal, soit en été, soit en hiver. En voici, ce me semble, la raison. En hiver, il n’est pas plus grand qu’à son ordinaire, ou du moins guère plus qu’il doit l’être naturellement, parce

  1. Hérodote se trompe. L’Astapus ou Abawi, l’Astaboras ou Atbara, qui sont des rivières très-considérables, et une multitude d’autres qui viennent de l’Abyssinie et des pays au delà, grossies par les pluies du tropique, versent toutes leurs eaux dans le Nil en Éthiopie. Mais peut-être notre historien a-t-il voulu dire seulement que le Nil, depuis son entée en Égypte, ne reçoit ni rivière ni fontaine, ce qui est exactement vrai. (L.)

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