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THALIE, LIVRE III.

est à peu près de la grosseur du millet, et vient dans une cosse. Ils le recueillent, le font bouillir avec sa cosse, et le mangent. Si quelqu’un d’entre eux tombe malade, il va dans un lieu désert et s’y tient, sans que personne s’en occupe, soit pendant sa maladie, soit après sa mort.

CI. Ces Indiens, dont je viens de parler, voient publiquement leurs femmes, comme les bêtes. Ils sont tous de la même couleur, et elle approche beaucoup de celle des Éthiopiens. La liqueur séminale n’est pas blanche chez eux, comme chez les autres hommes, mais noire comme leur peau, et ressemble à celle des Éthiopiens. Ces sortes d’Indiens sont fort éloignés des Perses ; ils habitent du côté du midi, et n’ont jamais été soumis à Darius.

CII. Il y a d’autres Indiens, qui habitent au nord : ils sont voisins de la ville de Caspatyre et de la Pactyice. Leurs mœurs et leurs coutumes approchent beaucoup de celles des Bactriens. Ils sont aussi les plus braves de tous les Indiens, et ce sont eux qu’on envoie chercher l’or. Il y a aux environs de leur pays des endroits que le sable rend inhabitables. On trouve dans ces déserts et parmi ces sables des fourmis plus petites qu’un chien, mais plus grandes qu’un renard. On en peut juger par celles qui se voient dans la ménagerie du roi de Perse, et qui viennent de ce pays, où elles ont été prises à la chasse.

Ces fourmis ont la forme de celles qu’on voit en Grèce ; elles se pratiquent sous terre un logement. Pour le faire, elles poussent en haut la terre, de la même manière que nos fourmis ordinaires, et le sable qu’elles élèvent est rempli d’or. On envoie les Indiens ramasser ce sable dans les déserts. Ils attellent ensemble chacun trois chameaux : ils mettent un mâle de chaque côté, et entre deux une femelle, sur laquelle ils montent. Mais ils ont l’attention de ne se servir que de celles qui nourrissent, et qu’ils viennent d’arracher à leurs petits encore à la mamelle. Leurs chameaux ne sont pas moins légers à la course que les chevaux, et portent néanmoins de plus grands fardeaux.

CIII. Je ne ferai point ici la description de la figure du chameau ; les Grecs la connaissent : je dirai seulement ce