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THALIE, LIVRE III.

ments. Peu de temps après, l’os se caria ; et, la gangrène ayant promptement gagné toute la cuisse, Cambyse fut emporté après avoir régné en tout sept ans et cinq mois. Il mourut sans laisser d’enfants, ni garçons ni filles. Les Perses qui étaient présents ne pouvaient croire que les mages se fussent emparés de la couronne ; ils pensaient plutôt que ce que Cambyse avait dit de la mort de Smerdis était un effet de sa haine contre ce prince, afin que tous les Perses lui fissent la guerre. Ils regardaient, en effet, comme une chose certaine que c’était Smerdis, fils de Cyrus, qui s’était soulevé ; et ils en étaient d’autant plus persuadés, que Prexaspes niait fortement de l’avoir tué : car, après la mort de Cambyse, il n’aurait pas été sûr pour lui d’avouer que le fils de Cyrus avait péri de sa main.

LXVII. Cambyse étant mort, le mage, à la faveur du nom de Smerdis, qu’il portait ainsi que le fils de Cyrus, régna tranquillement pendant les sept mois qui restaient pour accomplir la huitième année de son prédécesseur. Pendant ce temps, il combla tous ses sujets de bienfaits ; de sorte qu’après sa mort il fut regretté de tous les peuples de l’Asie, excepté des Perses. Dès le commencement de son règne, il fit publier dans toutes les provinces des édits par lesquels il exemptait ses sujets, pour trois ans, de tous tributs et subsides, et de servir à la guerre.

LXVIII. Il fut reconnu, le huitième mois, de la manière que je vais dire. Il y avait à la cour un seigneur nommé Otanes, fils de Pharnaspes ; sa naissance et ses richesses le faisaient aller de pair avec ce qu’il y avait de plus illustre en Perse. Ce seigneur soupçonna le premier le nouveau roi de n’être pas Smerdis, fils de Cyrus, mais le mage, comme en effet il l’était. Sa conjecture était fondée sur ce qu’il ne sortait jamais de la citadelle, et qu’il ne mandait auprès de lui aucun des grands de Perse. Se doutant donc de l’imposture, voici ce qu’il fit pour la découvrir.

Cambyse avait épousé sa fille Phédyme. Elle appartenait alors au mage, ainsi que toutes les autres femmes du feu roi. Otanes lui envoya demander quel était celui avec qui elle habitait ; si c’était Smerdis, fils de Cyrus, ou quelque autre. Phédyme répondit qu’elle ne le savait pas, qu’elle

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