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THALIE, LIVRE III.

c’est Patizithès, que vous avez laissé en Perse pour prendre soin des affaires de votre maison, et son frère Smerdis. »

LXIV. Au nom de Smerdis, Cambyse fut frappé de la vérité du discours de Prexaspes et de celle de son songe, dans lequel il lui semblait voir un héraut lui annoncer que Smerdis, assis sur le trône, touchait de la tête au ciel. Reconnaissant alors qu’il avait fait tuer son frère sans sujet, il le pleura. Après lui avoir donné des larmes et s’être plaint de l’excès de ses malheurs, il se jeta avec précipitation sur son cheval, dans le dessein de marcher en diligence à Suses contre le mage ; mais, en s’élançant, le fourreau de son cimeterre tomba, et le cimeterre étant resté nu le blessa à la cuisse, au même endroit où il avait auparavant frappé Apis, le dieu des Égyptiens. Comme sa plaie lui parut mortelle, il demanda le nom de la ville où il était alors : on lui dit qu’elle s’appelait Agbatanes.

L’oracle de la ville de Buto lui avait auparavant prédit qu’il finirait ses jours à Agbatanes. Il s’était imaginé qu’il devait mourir de vieillesse à Agbatanes en Médie, où étaient toutes ses richesses ; mais l’oracle parlait d’Agbatanes en Syrie. Lorsqu’il eut donc appris le nom de cette ville, accablé par le chagrin de la révolte du mage et par la douleur que lui causait sa blessure, il revint de son erreur ; et, comprenant le sens de l’oracle : « C’est ici, dit-il, que Cambyse, fils de Cyrus, doit terminer ses jours, suivant l’ordre des destins. »

LXV. Il n’en dit pas alors davantage ; mais, environ vingt jours après, il convoqua les Perses les plus distingués qui se trouvaient à l’armée, et leur tint ce discours : « Perses, les choses en sont au point que je ne puis plus me dispenser de vous découvrir ce que j’ai tâché, jusqu’à présent, de tenir extrêmement caché. Lorsque j’étais en Égypte, j’eus, pendant mon sommeil, une vision. Eh ! plût aux dieux que je ne l’eusse point eue ! Il me sembla voir un courrier, arrivé de mon palais, m’annoncer que Smerdis était assis sur le trône, et que de sa tête il touchait au ciel. Cette vision me faisant craindre que mon frère ne m’enlevât la couronne, je pris des