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THALIE, LIVRE III.

IX. Lorsque le roi d’Arabie eut conclu le traité avec les ambassadeurs de Cambyse, il fit remplir d’eau des peaux de chameaux, et en fit charger tous les chameaux qu’il y avait dans ses États. Cela fait, on les mena dans les lieux arides, où il alla attendre l’armée de Cambyse.

Ce récit me paraît le plus vraisemblable ; mais je ne dois point passer sous silence l’autre manière de raconter le même fait, quoique moins croyable.

Il y a en Arabie un grand fleuve qu’on nomme Corys : il se jette dans la mer Érythrée (mer Rouge). Depuis ce fleuve, le roi d’Arabie fit faire, à ce que l’on dit, un canal avec des peaux de bœufs et autres animaux, crues et cousues ensemble. Ce canal, qui s’étendait depuis ce fleuve jusque dans les lieux arides, portait de l’eau dans de grandes citernes qu’on y avait creusées pour fournir de l’eau à l’armée. Or il y a douze journées de chemin depuis ce fleuve jusqu’à ce désert. On ajoute qu’on y conduisit de l’eau en trois endroits par trois canaux différents.

X. Psamménite, fils d’Amasis, campa vers la bouche Pélusienne du Nil, où il attendit l’ennemi. Il venait de succéder à son père Amasis, qui ne vivait plus lorsque Cambyse entra en Égypte. Il était mort après un règne de quarante-quatre ans, pendant lesquels il n’éprouva rien de fâcheux. Après sa mort on l’embauma, et on le mit dans le monument qu’il s’était fait faire lui-même dans l’enceinte sacrée de Minerve.

Il y eut en Égypte, sous le règne de Psamménite, un prodige : il plut à Thèbes en Égypte ; ce qui n’était point arrivé jusqu’alors, et ce qu’on n’a point vu depuis le règne de ce prince jusqu’à mon temps, comme le disent les Thébains eux-mêmes ; car il ne pleut jamais dans la haute Égypte, et il y plut alors.

XI. Lorsque les Perses eurent traversé les lieux arides, et qu’ils eurent assis leur camp près de celui des Égyptiens, comme pour leur livrer bataille, les Grecs et les Cariens à la solde de Psamménite, indignés de ce que Phanès avait amené contre l’Égypte une armée d’étrangers, se vengèrent de ce perfide sur ses enfants qu’il avait laissés en ce pays lorsqu’il partit pour la Perse. Ils les menèrent au